Opinion

CoeXisT : le “dji-art” à l’Institut du Monde Arabe

By February 1, 2016 No Comments

By Floriane Graignic

Pictures courtesy of the Institut du Monde Arabe and Floriane Graignic

A l’occasion du triste anniversaire des attentats du 7 janvier 2015, l’Institut du Monde Arabe expose le travail de Combo Culture Kidnapper, street artiste engagé dont les œuvres se penchent sur les enjeux les plus centraux de notre époque et notamment la tolérance entre les religions.

Combo, c’est d’abord un français aux origines multiculturelles : son père est chrétien et libanais, sa mère marocaine et musulmane. C’est ensuite un artiste qui a choisi la rue, lieu d’expression et d’interaction des idées par excellence, pour développer sa puissance créatrice. Ses œuvres détournent et amènent le spectateur à réfléchir à des questions telles que le nucléaire, comme lorsqu’il s’était introduit à Tchernobyl pour effectuer un collage un an après l’accident de Fukushima. Depuis les attentats de janvier 2015, son engagement renouvelé s’est concentré autour de la tolérance et des différences. Il a notamment remis au goût du jour le symbole « CoeXisT », écrit avec les symboles des trois religions monothéistes, et créé par l’artiste polonais Piotr Mlodozeniec à Jérusalem en 2001, dans le contexte du conflit israélo-palestinien. Il pratique ainsi ce qu’il appelle le « dji-art », un art qui permet de « casser les ‘’on-dit’’ médiatiques en amenant le public à la réflexion »

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Love is blind, Combo Culture Kidnapper

Dans cette exposition, organisée à la fois à l’Institut du Monde Arabe mais aussi à l’atelier de l’artiste, et bien sûr dans la rue, on retrouve les grands thèmes chers à Combo. Notamment cette œuvre, intitulée Love is blind où figurent un musulman et un juif s’embrassant – rappel assumé de la célèbre Une de Charlie Hebdo « L’amour plus fort que la haine ». Au-delà de l’appel à la paix et la tolérance, c’est le danger potentiel de la religion et du fanatisme qui est questionné. La tolérance est le fil conducteur de toute la première partie de l’exposition, comme avec une œuvre particulièrement marquante où l’artiste écrit « Quand j’étais petit, il n’y avait pas d’Arabes, de Noirs, de Gays, de Musulmans, de Juifs, de Cathos … Il y avait des copains ».

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Les Noyés I, Combo Culture Kidnapper

L’exposition continue avec ses peintures de naufragés, illustrant parfaitement la détresse des migrants qui s’échouent chaque jour un peu plus nombreux sur nos côtes. Ensuite viennent des photos d’hommes et de femmes du quotidien, que l’on parcourra à la lanterne afin de mettre en lumière toutes les différences qui nous unissent chacun et chacune. Il y a aussi des notes un peu plus légères, comme cette œuvre où il est écrit, en petit caractères, « Si Dieu était une femme […] il y aurait moins de calories dans le chocolat et plus dans les choux de Bruxelles ».

En exposant ainsi à l’Institut du Monde Arabe, Combo gagne une reconnaissance qui lui manquait jusqu’à présent et il faut espérer que cela lui permettra de faire passer son message beaucoup plus efficacement. Car voir qu’il y a encore des artistes engagés comme lui, qui continuent à travailler même après avoir été agressé par un groupe de jeunes en raison de ses œuvres, c’est rassurant.

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