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COP 22 à Marrakech : deux questions que tout le monde se pose

By November 22, 2016 No Comments

By Gabriele Giordanengo

Le weekend du 19 et 20 Novembre 2016 certains étudiants du campus ont été confrontés à un grand défi : trouver des solutions pour pallier au réchauffement climatique, en simulant la 22ème Conférence des Parties, qui a eu lieu en Novembre 2016 à Marrakech. Point de rencontre de la diplomatie internationale, cette conférence a eu pour objectif de mettre en place les modalités d’application de l’accord sur le climat signé à Paris lors de la COP 21.

La simulation qui a eu lieu à Reims, réunissant des vrais aventuriers de la diplomatie, fut l’opportunité de réfléchir sur certains aspects de la diplomatie en matière d’environnement. Aspects au cœur de la machine diplomatique qui chaque année relève le défi de trouver un compromis entre les chefs d’état du monde, dans le but de réellement contrer les dégâts du réchauffement climatique.

En interviewant certains des participants sur des aspects un peu tabous de la diplomatie environnementale, nous avons essayé de comprendre les enjeux au cœur de de la machine diplomatique des COP.

Est-il vraiment possible de faire primer l’urgence de la question environnementale sur les intérêts économiques étatiques?

Tout le monde le sait : la diplomatie en matière d’environnement n’a jamais été une rencontre de bienfaisants qui agissent pour les intérêts de la planète. La diplomatie, réunion de choix étatiques, est essentiellement déterminée par des intérêts économiques, divergeant en fonction des pays et des régions du monde. Donc comment pallier à cette possible impasse diplomatique dans laquelle l’enjeu du climat deviendrait secondaire ?

Benedetta (représentante des États-Unis) nous explique qu’il faut concevoir la tension entre environnement et économie comme un jeu dont les possibles conséquences négatives sont réciproques. En effet le coût réparateur des dégâts environnementaux qu’un pays doit assumer s’il choisit l’inaction, est à long-terme également néfaste pour l’économie. On peut par exemple penser à l’argent qui doit être mobilisé suite à l’augmentation des catastrophes naturelles – une tendance désormais prouvée statistiquement. Dans ce sens, le coût d’opportunité d’une gestion durable des ressources naturelles, qui peut être négatif au moment de sa mise en place, devient rentable si on le conçoit comme un investissement à long-terme.

À ce titre, Victor (représentant du Intergovernmental Panel on Climate Change) rebondit sur la question en nous expliquant qu’il est nécessaire de faire basculer les Etats dans la recherche durable, qui peut être un vecteur de croissance économique énorme. C’est ce que le Maroc est justement en train de faire, nous explique Gildelen Aty-Biyo, qui représente ce pays à la COP22. Ce pays a lancé un projet qui a permis l’installation d’énormes champs de panneaux solaires dans les zones les plus désertiques du pays, afin de produire de l’énergie dans tout le territoire grâce à une ressource renouvelable dont le Maroc dispose en abondance. Ce projet constitue un investissement qui à long-terme est très rentable et qui favorise également un développement durable égalitaire, puisqu’il inclut également les zones rurales du pays.

Toutefois, même si l’on accepte qu’une économie écologiquement durable puisse avoir des effets positifs sur la croissance économique, un problème reste à résoudre.

Comment pallier au fait que les pays en voie de développement revendiquent leur droit à un développement économique qui soit détaché de toute contrainte écologique, comme l’ont fait les pays Européens par exemple ?

Cet enjeu, déjà vivement débattu à la COP21 de Paris, constitue une des revendications majeures de certains pays, comme les pays d’Afrique Subsaharienne. Cela remet-il en cause l’équité des négations sur le climat au niveau international ? Benedetta nous montre que contrairement au développement des pays occidentaux dans le passé, aujourd’hui les pays en développement ont l’opportunité de recevoir des financements importants pour la mise en place des nouvelles techniques écologiques. Ces financements, prévus par les accords de Copenhague, visent donc à pallier les coûts initiaux des nouveaux investissements qu’une transformation économique entraîne. Mais surtout, basculer dans un développement économique écologique, nous dit-elle, représente aussi un choix politique intelligent, car les bénéfices à long-terme sont souhaitables pour n’importe quel pays.

Victor nous explique aussi que cette vision duelle des politiques environnementales, qui présuppose des intérêts divergents entre pays développés et en voie de développement, est certainement à nuancer. En effet, indépendamment de la région du monde, nombreuses sont les nouvelles techniques existantes qui sont très attractives pour leurs bénéfices économiques. Parmi ces bénéfices, nous dit-il, on peut souligner par exemple la forte rentabilité de l’énergie photovoltaïque.

Si une conclusion doit être tirée, c’est que les négociations sur le réchauffement climatique nous montrent certaines des tensions les plus évidentes au sein de la diplomatie internationale : de l’inégalité des rapports entre les régions du monde, à la difficulté de faire primer des enjeux comme celui de l’environnement. Toutefois, les aventuriers de cette simulation, nous ont quand même donné ce qu’on appelle du « food for thought », en soulignant certains aspects qui permettent de nuancer une vision essentiellement pessimiste de la diplomatie environnementale.

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