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Interview de David Jáuregui Sánchez, exchange student à Sciences Po Paris, campus de Reims

Par Justine Guérineau

 

Alors que les élèves de Sciences Po s’apprêtent à faire leurs valises et quitter Reims – temporairement pour certains, définitivement pour d’autres – les 2As imaginent déjà la suite. L’année prochaine, ils deviendront exchange student. Cette expérience touche à sa fin pour David Jáuregui Sánchez. Étudiant au Centro de Investigación y Docencia Económicas (CIDE) de Ciudad de México, il vient de passer 6 mois en France. “Refreshing”: voilà comment il décrit son séjour durant lequel il a pu changer d’air, rencontrer de nouvelles personnes et prendre du temps pour lui.

 

D’où viens-tu?

Je suis né dans une toute petite ville côtière située dans le Sud-Ouest du Mexique. J’ai déménagé à Ciudad de México à l’âge de 17 ans pour débuter mes études universitaires. Je vis là-bas depuis. Rejoindre la France depuis le Mexique est un long trajet. J’ai pratiquement passé une journée complète dans l’avion. Lors de mon voyage, nous avons fait une escale à New York après 7 heures de vol. Je suis resté là-bas 10 heures avant de prendre un nouvel avion. Nous sommes arrivés à Paris 6 heures plus tard. Un voyage direct dure entre 10 et 11 heures.

Zócalo, centre historique, Ciudad de Mexico// Photo: José María Serra

 

Comment imaginais-tu ton expérience à l’étranger avant d’arriver en France?

Après avoir entendu les récits d’anciens exchange students à Sciences Po, je l’imaginais un peu plus “sauvage”. Dans leurs discours, ce semestre à l’étranger signifiait sortir tous les soirs et faire la fête. Je suppose que l’expérience dépend de la personnalité. Je suis un garçon plutôt calme, je préfère me détendre.

 

Quel aspect du Mexique te manque le plus?  

La nourriture. Les épices, surtout. Ici tout est doux, alors qu’au Mexique les saveurs sont plus explosives.

Street food (quesadillas, tlacoyos, et chorizo)// Photo: José María Serra

 

Ce qui va le plus te manquer lors de ton retour au Mexique?

Les gens que j’ai rencontrés ici. Par rapport à la France elle-même, je dirais l’architecture. J’aime bien le côté ancien des villes.  

 

As-tu visité des villes françaises, autres que Reims?

Je suis allé à Paris et à Epernay. Je dois admettre que j’ai été un peu déçu par Paris. Je n’ai pas ressenti ce côté romantique et bohème que j’associais à la capitale auparavant. En revanche, j’ai été surpris par Epernay. C’est un tout petit village, avec un certain charme provincial. J’ai beaucoup apprécié ma visite.

 

As-tu voyagé en dehors de la France?

J’ai visité Londres. J’ai beaucoup aimé cette ville, mélange entre modernité et ancienneté. Les habitants sont engageants, ils sont prêts à aider un voyageur si celui-ci semble en avoir besoin. Ils ont l’air moins pressés qu’à Paris, du moins c’est mon ressenti.  

David à Trafalgar square, Londres. Commentaire de David: “cette photo représente bien les problèmes liés au fait d’aimer voyager seul.”// Photo: inconnus dans la rue

 

L’année à l’étranger constitue-t-elle une obligation de scolarité dans les universités mexicaines? Pourquoi avoir choisi la France?

Ce n’est pas obligatoire, mais vivement conseillé. J’ai remarqué qu’ici, le cycle universitaire se divisait en années. Au Mexique on ne parle pas en termes de première ou deuxième année mais de semestres. Il y a en 8 en tout dans mon école. Le 6ème s’intitule “exchange semester”. La plupart des élèves partent à l’étranger durant ce semestre. Certains choisissent de rester au Mexique, mais ils sont obligés de suivre les quelques cours de Master ou de Doctorat qui leur sont accessibles durant ce semestre. Dans mon campus, les élèves ne choisissent pas leurs cours. Ils sont déterminés dès le début de nos études. Le 6ème semestre est dédié à l’étranger donc il n’existe pas de programme prédéfini pour les élèves qui décident de rester au Mexique. Ce n’est pas forcément facile pour eux.

J’ai choisi la France car j’envisage la possibilité de m’installer en France après mes études. Ce semestre était l’occasion de découvrir le pays et d’améliorer mon français. J’aime également beaucoup la philosophie et l’école de philosophie française est renommée. C’était aussi l’occasion de voyager en Europe.

 

Combien de cours dois-tu suivre pour valider ton semestre?

Je dois prendre au minimum 4 cours mais je peux en suivre davantage si je le souhaite. J’ai donc choisi 6 cours ce semestre.  

 

A quelle fréquence communiques-tu avec ta famille et tes amis au Mexique?

Tous les 2 jours avec ma famille. On se téléphone pendant une demi-heure/ une heure environ. Je discute avec mes amis quasiment tous les jours via internet.

 

Quels sont tes meilleurs souvenirs en France? Et les pires?

Parmi les meilleurs, j’ai pu côtoyer des gens qui proviennent de milieux différents, qui ne partagent pas nécessairement les mêmes croyances religieuses et dont les valeurs et intérêts sont multiples. Mon école au Mexique manque de diversité. Les gens se ressemblent beaucoup. Partir à l’étranger permet également de se découvrir. Au Mexique, les professeurs sont très exigeants et l’école occupe une place centrale dans la vie des étudiants. Dans mon campus, ne pas avoir la moyenne à un cours est synonyme de renvoi. Alors les élèves passent leur temps à travailler et réviser. Aujourd’hui, j’ai plus de temps libre. Je peux me poser et réfléchir à ce que je veux vraiment faire dans la vie.

Quant aux pires souvenirs, la langue m’a parfois posé problème. Quand je suis arrivé, je ne comprenais pas le moindre mot et les gens ne semblaient pas me comprendre non plus. Mes progrès en français ne sont pas phénoménaux mais je peux au moins avoir une discussion basique sans avoir à pointer un objet du doigt pour me faire comprendre.

 

Quels sont les stéréotypes sur la France que tu as pu entendre au Mexique?

Les classiques, c’est-à-dire que les Français se baladent avec une baguette sous le bras, qu’ils portent des tee-shirts aux rayures noires et blanches et un béret, boivent du vin et mangent des escargots à chaque repas et ne se lavent pas. Seule la baguette sous le bras me semble réaliste après avoir vécu ici!

 

Quelle est ton mot/expression française favorite?

L’expression “tu me manques”. En espagnol nous avons une logique différente. Nous disons “te extraño”. Dans cette expression, je suis le sujet. En français, le sujet c’est “toi”. “Tu me manques” implique que la personne absente est partie avec une part de moi-même.

 

Comment qualifierais-tu la relation professeur-élève en France par rapport à celle que tu connais au Mexique?

C’est plus formel en France. Au Mexique, nous avons chaque classe 2 fois par semaine, donc on voit les professeurs plus souvent. Les classes sont plus petites : entre 10 et 12 personnes, maximum 15, ce qui facilite les échanges. Les professeurs connaissent chaque étudiant de manière plus personnelle. C’est peut-être aussi un aspect culturel. Les élèves qui ont des problèmes personnels n’hésitent pas à en parler aux professeurs.

 

Vis-tu en colocation?

Je loge dans une chambre individuelle car c’était l’option la moins chère.

 

As-tu rencontré des difficultés avec l’administration française?

Non pas vraiment. J’ai juste dû envoyer beaucoup de papiers et remplir de nombreux documents.

 

La plupart de tes amis sont-ils aussi en échange?

Oui, 90% des gens avec qui je sors le plus souvent sont en échange. Nous vivons une expérience similaire alors c’est plus facile de ressentir de l’empathie les uns pour les autres. Les autres étudiants ont déjà formé leur groupe d’amis en général. Ce n’est pas toujours facile d’intégrer ces groupes. On rencontre les étudiants qui ne sont pas en échange en classe ou grâce à l’association Sciences Po connect, mais rarement lors dans un context social.

 

Quel conseil donnerais-tu aux futurs exchange students pour s’intégrer davantage et trouver sa place dans la communauté étudiante?

Sortir du contexte académique et s’engager dans des associations comme Sciences Paws ou Sciences Po connect – tout ce qui commence par Sciences et qui est suivi d’un autre mot – afin de rencontrer du monde. Le sport est aussi un autre moyen. Je pense qu’il faut savoir sortir de sa zone de confort, c’est-à-dire de son groupe d’amis. Sans les abandonner évidemment, mais vous pouvez toujours rencontrer de nouvelles personnes.

Je conseillerais également aux futurs exchange students de choisir une grande ville. Vous pourrez y effectuer de multiples activités sans jamais vous lasser. Devoir prendre le métro ou le bus pour aller à l’université tous les jours importe peu, du moment que vous voyez davantage que les quatre rues qui séparent votre chambre de votre école.

 

Certains jours peuvent être plus difficiles que d’autres à cause de l’éloignement. Aurais-tu une astuce ou une technique particulière pour te remonter le moral?

Je n’en ai pas. Je fais juste ce dont j’ai envie. Si je suis d’humeur, je regarde un film. La nourriture est aussi un bon moyen de se faire plaisir!

 

Cette expérience à l’étranger, les 2As la vivront l’année prochaine. The Sundial Press leur souhaite un bon séjour et un bel été avant le grand départ !

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