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Révolte-Toi invite Charles de Gaulle en amphithéâtre

By February 12, 2019 No Comments

Vous aviez peut-être vu sur votre fil d’actualité le succès du procès de l’agent OSS 117 chez les Parisiens et envié ces derniers. Pourtant, jeudi dernier, c’était au tour de l’équipe rémoise de Révolte-Toi de s’approprier le concept (et d’exporter par la même occasion Larmina hors de Boutmy) pour une figure plus clivante encore : Charles de Gaulle. Adeptes ou non, sympathisants de gauche ou de droite, le Général reste une valeur sûre pour créer le débat et aussi le rire.

La première chose qui frappe le spectateur lors du procès (outre les quinze minutes de retard réglementaires), c’est la qualité des intervenants proposés. Nous retrouvons notamment des juristes confirmés, dont Eric Najsztat en avocat de l’accusation et Valérie Lamond. Dans le jury, professeurs de rhétorique côtoient ceux d’histoire, auxquels s’ajoutent des membres de l’administration : Mathieu Stoclet, Emmanuel Echivard, Matthieu Bourrette, Anne-Charlotte Amaury, Antonin Péchard, Tilman Turpin, Guillaume Piketty. Et pour la reprise, un membre du Ministère de l’Intérieur à la langue bien pendue, Guillaume Prigent.

Photo by Jean-Michel Bétran

Le but du procès était donc de montrer les talents des différents orateurs, témoins ou avocats, de la défense ou de l’accusation. Derrière le pupitre, les présidents du Tribunal (Pierre Ellie et Lisa Cophignon) géraient le temps et l’introduction des intervenants. Plusieurs tendances à remarquer chez les orateurs : pour certains, une volonté de faire rire l’audience plutôt que de marquer des points sur l’argumentation. D’autres ont privilégié les effets de style et un fond réfléchi, comme Marianne. Enfin, d’autres, parmi lesquels François Mitterrand, ont multiplié les allusions historiques pour convaincre l’audience de leur sérieux.

Photo by Jean-Michel Bétran

Le problème de l’art oratoire semble donc être le difficile équilibre entre convaincre l’audience grâce au rire ou grâce à la raison, tout en évoquant le thème qui tient à coeur. Dans ce chemin, la tentation est forte d’être trop sérieux ou de ne pas l’être suffisamment. Les orateurs primés d’hier soir ont su faire preuve d’équilibre, entre autres l’avocat de la défense Camille Ibos, critique de la participation de Total dans le financement de Sciences Po.

La clé du succès semblait également tenir au naturel que chacun mettait dans son discours. Les textes étant bien évidemment rédigés à l’avance et les questions connues à l’avance, mais lire un texte ou paraître trop préparé faisait perdre la spontanéité. La justesse du discours, encore une fois, était une condition sine qua non. A cet égard, l’alternance entre discours écrits par élèves et par professionnels pour les avocats donnait un exemple de marge de progression et de ton à adopter selon les occasions. Un exercice utile pour ceux sur scène mais aussi pour le public.

Après un échange de discours acharné, la défense a été nommée vainqueure par le jury. Les deux meilleurs orateurs de la soirée faisaient d’ailleurs partie de ce camp : Charles de Gaulle (comment l’oublier ?) et Marianne, à la fois drôle, convaincante et profonde. Un duo parfait pour la mixité, sur laquelle il faut peut-être revenir pour ce procès.

Photo by Jean-Michel Bétran

En effet, si sur la scène la parité était parfaite, ce n’était pas le cas pour les autres intervenants. Une témoin sur six, une jurée femme (Anne-Charlotte Amaury), ce qui fait un total de deux femmes sur plus d’une dizaine de personnes. Le genre masculin n’étant pas surreprésenté sur le campus, on peut se poser la question : pourquoi n’y a-t-il pas plus de participation féminine ?

Enfin, l’orateur de la soirée du registre humoristique reste évidemment (no offense à Churchill ou à l’octogone de l’avocat de l’accusation), l’auteur de la reprise, Guillaume Prigent. Le ton était acide, voire peut-être amer par moments, toujours drôle. Les différents intervenants en ont tous pris pour leur grade, tour à tour repris sur les bourdes, que ce soit des couchers de soleils approximatifs et une “tête d’aryen” du côté de l’accusation que du discours de Cohn-Bendit, orbitant autour de la sexualité. Drôle, grinçant, on ne peut pas s’empêcher de remarquer l’oeil critique et la réactivité dont il fait preuve, à chaud, sur une dizaine de discours.

Photo by Jean-Michel Bétran

Révolte-Toi promet donc avec ce type d’événements un rendez-vous prisé des étudiants, venus en bon nombre assister au Procès. En résumé, un exercice utile permettant d’aborder des sujets brûlants, accompagnés de professionnels. Qui sera le prochain à se lancer ?

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