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Récap de la Semaine de l’alimentation durable

Dans le cadre des actions de Sciences Po Environnement autour de la soutenabilité et en avance par rapport à la mobilisation d’ampleur européenne en avril, l’antenne de Reims a organisé une semaine centrée sur le thème de la nourriture. Des produits bio, locaux, zéro déchets et vegans, il y en a eu pour tous les goûts ! SPE Reims expose ses objectifs et évènements clefs de la semaine.

C’est dit, “Si nous voulons éviter de grandes misères humaines, il est indispensable d’opérer un changement profond dans notre gestion de la Terre et de la vie qu’elle recèle.” Dès 1992, 1 700 scientifiques indépendants lançaient ce cri d’alerte en signant le “World Scientists’ Warning to Humanity”. Ce lundi 13 novembre, vingt-cinq ans plus tard, ce sont plus de 15 000 scientifiques de 184 pays qui réitèrent leurs inquiétudes dans la revue BioScience sous le titre choc “Mise en garde à l’humanité: deuxième avertissement”.

Selon eux, il n’y a pas de doute : “non seulement l’humanité a échoué à accomplir des progrès suffisants pour résoudre ces défis environnementaux annoncés, mais il est très inquiétant de constater que la plupart d’entre eux se sont considérablement aggravés. Particulièrement troublante est la trajectoire actuelle d’un changement climatique potentiellement catastrophique, dû à l’augmentation du volume de Gazs à Effets de Serre (GES)  dégagés.” Ils appellent notamment chacun d’entre nous à se rebeller contre l’inaction actuelle.

L’agriculture n’en est pas pour peu. Notre consommation alimentaire a un impact plus grand que l’on imagine. Devenir végétarien est d’ailleurs la meilleure manière de contribuer à son échelle à la réduction de ses émissions de GES, loin devant arrêter de prendre l’avion ou acheter des vêtements de seconde main.

Ainsi, Sciences Po Environnement Reims a proposé d’accompagner les étudiants dans leur transition alimentaire, durant toute une semaine et de manière économique.

10 millions de tonnes d’aliments consommables, équivalent à 16 milliards d’euros, partent chaque année à la poubelle en France. Dans le monde ⅓ de la production alimentaire est gaspillée[1]. Outre ses effets néfastes pour l’économie, le gaspillage alimentaire contribue considérablement aux émissions du gaz à effet de serre. Par exemple, au Royaume-Unis, une tonne de nourriture gâchée représente 4 à 4,6 tonnes de CO2[2]. Le jeudi, SPE vous avait mis à disposition un “Bulk Food Store” sur le campus. 800 millions de tonne de déchets, 25,35 kilos par seconde, sont produits en France[3]. Consommer en vrac permet non seulement de réduire ses déchets, mais également d’économiser de l’argent. Par exemple, acheter de l’avoine en vrac est 219% moins cher qu’acheter de l’avoine conditionnée[4].

Au delà de la gestion du gaspillage et des déchets, il est important de retrouver son indépendance alimentaire. Les Français prennent 1 sur 7 repas à l’extérieur, une tendance qui s’est intensifiée les années précédentes. Un nombre grandissant de français ne cuisine plus. Même les français qui font attention à ce qu’ils mangent chez eux, n’appliquent pas un examen similaire au restaurant. Par exemple, le volume de burgers consommés a été multiplié par 14 en dix ans. En outre, manger trop souvent aux restaurants et fast-foods expose à des taux élevés de phtalates, des substances chimiques classées cancérogènes[5].

Le jeudi également, dans la cuisine du vieux réfectoire, SPE avait organisé un atelier de cuisine d’une pâte à tartiner durable sans produits néfastes tels que l’huile de palme. Par ailleurs, SPE travaille actuellement à la mise en place d’un atelier de jardinage. L’objectif est de reconnecter les étudiants aux origines de leur nourriture et de leur redonner leur indépendance alimentaire. Le jardinage n’est pas uniquement bénéfique pour la santé physique, mais également pour la santé morale. Selon de nombreuses études, l’interaction avec la nature et la consommation d’un régime plus sain réduisent tous les deux les taux d’anxiété, de dépression, en améliorant la gestion du stresse[6]. De plus, les Français dépensent en moyenne 182 euros par mois en produits frais[7]. Un panier bio moitié plein pour chaque semaine coûte 67 euros pour un trimestre.

Réduire sa consommation de viande est crucial. Tandis que la production de la viande et de produits laitiers fournit seulement 18% des calories et 37% de la protéine mondiales, elle utilise 83% des terres agricultrices et produit 60% des émissions de GES de l’industrie agricole. Par ailleurs, 86% des mammifères terrestres sont soit du bétails soit des Hommes. L’élevage bovin émet 105kg de GES par 100g de protéines produites alors que le tofu en produit moins de 3.5kg[8].

L’élevage extensif de bétail est responsable de 80% de la déforestation mondiale, ce qui injecte dans l’atmosphère plus de 340 million tonnes de carbone chaque an. L’Union Européenne importe plus de $600 million USD (553 million d’euros) de boeuf chaque année du Brésil qui possède 88% des troupeaux dans l’Amazonie[9].  Entre 1990 et 2016, le monde a perdu 1.3 million kilomètres carrés de forêts et 46% des arbres du monde ont déjà été déjà abattus.

Ainsi, Spice Po et SPE ont proposé un déjeuner vegan gratuit le mercredi midi. Réduire sa consommation de viande est, en effet, très économique.

Même si le type de nourriture (boeuf, agneau, fromage) consommé impact plus son empreinte carbone que le transport de la nourriture, manger localement réduit tout de même drastiquement l’empreinte écologique. Benoît Jardin est alors venu donner une conférence accompagnée de la dégustation de ses produits. Ancien cadre sup, il est devenu agriculteur et producteur de jus de légumes et fruits locaux et biologiques[10].

Enfin, l’initiative du café écolo The Greenhouse concentre tous ces aspects de nourriture durable. Lancé en semaine 4 et voué à s’installer de manière permanente, le café écolo aurait l’ambition de devenir une solution alternative au Crous, proposant des boissons, snacks, et peut-être dans le futur des déjeuners bio, locaux, végétariens, et sans déchets.

La France est le quatrième pays au monde le plus exposé aux effets de la crise climatique. Les canicules en juin et en juillet 2019 ont entraîné environ 1 500 décès supplémentaires, et les experts estiment qu’en Europe, les chaleurs extrêmes sont 100 fois plus probables qu’il y a un siècle[11]. Avec 2019 comme deuxième année la plus chaude de l’histoire, les scientifiques estiment que les températures globales sont maintenant plus élevées qu’elles ne l’ont jamais été durant la période de la civilisation humaine et elles continuent de croître rapidement. Les points critiques, tels que la fonte des glaces polaires ou la décharge de carbone des océans qui se réchauffent, menacent d’accélérer le changement climatique à un rythme 20 à 50 fois plus rapide que certains des changements climatiques naturels les plus rapides connus sur Terre[12].

En travaillant avec l’administration sur la mise en oeuvre du plan institutionnel de Sciences Po pour la transition écologique et avec l’organisation de la semaine de l’alimentation durable, SPE met en avant des modes de consommation durables.

 

Rédigé par Charlotte Hourdin et Matthew Capuano Rizzo.

[1]  Boyer, M. (2018, juin 9). En France, le gaspillage alimentaire en chiffres. Consulté le 8 décembre 2019, à l’adresse https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/06/07/le-gaspillage-alimentaire-en-france-en-chiffres_5311079_4355770.html

[2] Zero Waste France. (2015). Le gaspillage alimentaire pèse lourd sur le climat (2). Consulté le 22 février 2020, à l’adresse https://www.zerowastefrance.org/gaspillage-alimentaire-pese-lourd-climat/

[3] Planetscope. (2020). Planetoscope – Statistiques : Production de déchets en France. Consulté le 22 février 2020, à l’adresse https://www.planetoscope.com/dechets/614-production-de-dechets-en-france.html

[4] O’Connell, J. (2012, octobre 17). Bulk buying food: how to get the most for your money. Consulté le 22 février 2020, à l’adresse https://www.theguardian.com/money/blog/2012/oct/17/bulk-buying-food-most-money

[5] Iglesias, A. (2018). Manger souvent à l’extérieur est dangereux pour la santé. Consulté le 22 février 2020, à l’adresse https://www.doctissimo.fr/nutrition/news/Manger-souvent-a-l-exterieur-est-dangereux-pour-la-sante

[6] Gillihan, S. (2019). 10 Mental Health Benefits of Gardening. Consulté le 22 février 2020, à l’adresse https://www.psychologytoday.com/us/blog/think-act-be/201906/10-mental-health-benefits-gardening

[7]de Foucaud, I. (2016, septembre 6). Les Français dépensent en moyenne 182 euros par mois en produits frais. Consulté le 23 février 2020, à l’adresse https://www.lefigaro.fr/conso/2016/09/06/20010-20160906ARTFIG00022-les-francais-depensent-en-moyenne-182-euros-par-mois-en-produits-frais.php

[8] Carrington, D. (2019, octobre 2). Avoiding meat and dairy is ‘single biggest way’ to reduce your impact on Earth. Consulté le 23 février 2020, à l’adresse https://www.theguardian.com/environment/2018/may/31/avoiding-meat-and-dairy-is-single-biggest-way-to-reduce-your-impact-on-earth

[9] World Wildlife Fund. (2019). Unsustainable cattle ranching. Consulté le 23 février 2020, à l’adresse https://wwf.panda.org/knowledge_hub/where_we_work/amazon/amazon_threats/unsustainable_cattle_ranching/

[10] Alaniou, B. (2018, mai 23). Benoît Jardin, ancien cadre sup passé au bio. Consulté le 23 février 2020, à l’adresse http://www.leparisien.fr/economie/benoit-jardin-ancien-cadre-sup-passe-au-bio-23-05-2018-7730721.php

[11] Le Progrès . (2019, décembre 4). Catastrophes climatiques: la France est l’un des pays les plus exposés au monde. Consulté à l’adresse https://www.leprogres.fr/france-monde/2019/12/04/catastrophes-climatiques-la-france-est-l-un-des-pays-les-plus-exposes-au-monde

[12] Nuccitelli, D. (2019, novembre 13). New report finds costs of climate change impacts often underestimated » Consulté le 20 janvier 2020, à l’adresse https://www.yaleclimateconnections.org/2019/11/new-report-finds-costs-of-climate-change-impacts-often-underestimated/

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