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Saisons 3: Le Printemps

By April 4, 2022 No Comments

 By Vital Negroni

   Mars. Les pensées noires disparaissent peu à peu. L’étudiante se reprend à envisager de nouvelles perspectives. Théâtre ? Voyages ? Cours de piano ? Elle pense à s’initier à de nouveaux hobbies, à découvrir de nouveaux lieux et cultures. Sa curiosité connaît un important regain en ces derniers jours d’hiver. Son humeur suit et son bonheur revient. Mais certains de ses amis ne partagent pas ce nouvel état d’esprit et agissent de manière étrange. Philo est froide. Arthur est encore plus distant. Sophie est particulièrement amicale et présente. Mais que se passe-t-il ? Philo agissait comme s’il n’y avait aucun problème entre elles. Pourquoi Rose continuait-elle à la harceler de questions quand tout allait bien ? Ne pouvait-elle donc pas arrêter avec ses idées farfelues sur leurs « étranges attitudes » ? Et bien non, elle ne pouvait pas. Elle allait obtenir des réponses, même si celles-ci s’avéreraient bien plus douloureuses que tout ce qu’elle avait pu envisager. Une soirée est prévue pour ce vendredi soir. La troupe d’adolescents, déprimés par les examens et heureux de noyer cette anxiété dans l’alcool, allait se retrouver chez Sophie. Les jeux de cartes ouvrent le bal. Un verre pour Philo. Trois gorgées pour Lucas. Trop d’alcool pour Rose. Sophie va s’allonger dans sa chambre, après des déclarations sur une abstinence alcoolique qu’elle aura probablement oublié le lendemain matin. Noah et quelques-uns de ses amis se font des passes avec une balle de tennis. Où ont-ils bien pu trouver une balle de tennis ? Rose titube jusqu’à la salle de bain. Le couloir s’allonge, les angles deviennent courbes et les tableaux se mettent à danser. Elle atteint finalement une porte, l’ouvre et se retrouve face à, non pas des toilettes, mais deux étudiants assis sur le lit. Le garçon a une main sur celle de la fille et l’autre dans son dos. Il sourit en la regardant et se penche doucement. Sa main monte pour se poser sur la nuque de la jeune femme. Les respirations ralentissent et les yeux se ferment. Mais l’expression du visage d’Arthur change drastiquement quand, après un craquement provenant de l’entrée de la pièce, il se retourne et aperçoit Rose dans l’encadrement de la porte. Sophie fait aussi volte-face pour apercevoir la nouvelle venue avant de pousser un soupir de surprise. Étrangement, Rose n’a plus envie de vomir. Elle attrape son manteau dans sa fuite et se précipite vers la porte d’entrée, qu’elle claque sans écouter les appels de Sophie dans son dos. Le printemps est arrivé mais Rose n’est pas égayée par le retour des beaux jours.

Avril. Les deux semaines qui suivirent la soirée furent pour la Lyonnaise les plus horribles de l’année. Elle pleura tellement qu’elle fut certaine de ne plus être capable de verser une seule larme de plus. Le téléphone sonna sans cesse pendant ces quatorze jours. Sophie lui avait envoyé plus d’une cinquantaine de messages et, après l’absence de réponse de sa « meilleure amie », était venue toquer à sa porte. Rose n’avait pas ouvert. Elle avait écouté les pas s’éloigner dans le couloir de l’immeuble sans émettre un seul son. Arthur avait essayé de l’approcher sur le campus mais Rose était rentrée dans les toilettes avant qu’il ne l’atteigne. Philo avait aussi essayé de l’appeler, Rose supposait qu’elle savait depuis le début. Sa nouvelle vie tombait en morceaux sans qu’elle ne puisse y faire quoi que ce soit. Après cette première moitié de mois larmoyante, le retour des examens ne permit pas à Rose de se reposer. Mais c’était une bonne chose. Les révisions gardaient l’esprit de l’adolescente occupée. Enfin, c’était ce que Rose se disait dès que son esprit dérivait. Le mois prit fin, tout comme la semaine d’examens.

Mai. Les examens étaient terminés. La jeune étudiante se plongeait dans les livres pour ne pas penser aux événements des semaines passées. Mais après avoir réussi l’exploit de finir les sept livres de Harry Potter en trois jours, Rose décide de sortir de cette inertie totale et d’agir. Elle veut faire du théâtre, elle regarde les stages proposés cet été. Elle veut visiter l’Europe, elle prévoit un voyage dans les capitales du vieux continent. La Lyonnaise est prête à tout pour oublier son chagrin et avancer. Un train pour Lyon part le soir même. Elle fait sa valise, et à 17h33, elle quitte le sol lillois. Son retour dans sa ville natale est célébré avec un véritable festin. Sa mère a préparé ses plats préférés : purée de pomme terre maison, bœuf bourguignon et tarte citron meringuée. Le ventre bien rempli, elle s’endort et sombre dans un sommeil plus profond et serein que tous ceux des mois précédents. La présence de sa famille est un réel soulagement pour Rose. Et maintenant que ses pensées sont claires et son esprit tranquille, elle peut enfin passer à autre chose. Elle peut cesser de songer à Arthur et Sophie. Ou au moins, laisser la colère et la rancœur partir. La jeune fille passa une grande partie du mois à reprendre contact avec ses amis de lycée. Marie, une petite brune aux yeux malicieux et Nathan, un grand blond à l’air malade. Elle se rendait compte à quel point elle s’était sentie seule en ce début de mois. Mais juin serait plus excitant. L’étudiante s’était inscrite à un stage de théâtre dans une école d’arts dramatiques à Lyon. Les cours commençaient début de semaine prochaine. Elle acheta des livres sur le jeu de l’acteur et dévora des interviews de metteurs en scène et réalisateurs. L’appréhension se mêlait à l’adrénaline. Le dernier week-end de mai arriva et Rose s’apprêtait à commencer une autre aventure.

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