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A Cordial Disagreement in the Ancient Jesuit College

By October 24, 2018 No Comments

By Pierre Sarliève & Bartholomew Konechni

Illustration: Sacha Besson

Every year a plethora of students arrive from all over the world at Sciences Po either as exchange students or as first years. Each brings with them a different perspective on the topsy-turvy world that is Sciences Po. Eugene, an exchange student from Canada, does not appear to share the delight that many find in the intellectual discourse which takes place within the walls of the Ancient Jesuit College. In his recent article he has lambasted the educational system left to us by Émile Boutmy in 1872, which has given birth to generations of French and world leaders; for a lack of critical thinking, a lack of freedom and a machine-like drive towards homogeneity. Let us not attack our sincere friend, but rather let us answer our colleague’s concerns.

Eugene would seem to suggest that by obliging students to attend classes with some of the great intellectuals of our venerable establishment, that students like sausages are being squeezed into the same mold. The truth is, however, that seminars and classes do not define your time at Sciences Po, and that there are many other areas of one’s life in which one can distinguish oneself. What one brings to class depends on what one does outside. One does not simply sit in classes. Every seminar is a battlefield where you can prove yourself through impeccable preparation. But participation in that battlefield must be insisted upon, because it is through that process that one refines critical thinking and sharpens the competitive drive.

However, our amicable colleague, Eugene, believes that this process creates an environment in which no one can be more than an “above-average” student. This is simply untrue. Sciences Po awards special academic recognition to the highest performing amongst the students. Only the top 2% and the following 10% receive the summa cum laude and cum laude which are coveted by many a Sciences Piste. When one examines this subject in a comparative perspective one finds that Sciences Po is far more discriminating in who it gives honours to then almost any other university. UBC has no quota on how many students will receive honours. Harvard, gives 5% of students summa cum laude, and up to 50% of students can receive the cum laude. In 2015/2016, 33.2% of those graduating from Oxford University received first class degrees. There is simply no comparison, when one receives academic distinction at Sciences Po, the value is greater.

On freedom, Eugene would appear to contradict himself in parts. At the start of his article it seems to be suggested that the fact everyone must complete a third year abroad is yet another factor driving homogeneity. But by the end he recognises that, as is perhaps evident in the first place, actually the third year can distinguish a student. What is crucial to understand about the third year abroad, is that it drives and pushes students into encountering a world outside of Sciences Po. One is free to do whatever one wants with that year and face the consequences accordingly. It is the intertwining of different academic traditions which is incorporated in the Sciences Po degree, which makes students into truly critical thinkers by the end of a three-year process.

But even within the grande école which we call home, critical thinking is demanded at all times. Eugene uses the example of gender equality to make the argument that Sciences Po relies on consensus thought rather than evidence and reason. He makes the case that there is some debate to be had about whether or not women continue to exist in a disadvantaged position in occidental society. While all views are accepted at Sciences Po, we do perhaps frown upon the denial of the blindingly obvious. All students are expected to have done the sufficient work and reading to appreciate the evident a priori of a given subject.

Eugene ends on his most interesting point, that Sciences Po fails to forge great leaders, who will stand mountain-like alone, at the helm of great movements and enterprises. His views on leadership are perhaps not concurrent with the times or the evidence to hand. Modern leadership is about strategic relationships, teambuilding and co-operation. Skills which one develops as one navigates the stormy seas of Sciences Po through independent group projects, associative life and the civic engagement project (which allows students to implement what they have learnt in a practical way).

The most important point to end on is that Sciences Po is not here as a job preparation centre. Every student enrolled at Sciences Po comes for an inextinguishable love of the social sciences and political humanities. It is true that Sciences Po demands a great deal from its students but in return it gives something which can never be taken away: three years dedicated to an unfettered intellectual endeavour.

 

French version: 

Chaque année, une pléthore d’étudiants du monde entier arrive à Sciences Po, soit en programme d’échange, soit en tant que premières années. Chacun d’entre eux apporte une perspective différente sur le monde dans l’environnement extravagant qu’est Sciences Po. Eugene, un étudiant canadien en échange, ne semble, cependant, pas partager le plaisir dont beaucoup profitent dans le discours intellectuel ayant lieu dans l’ancien collège jésuite. Dans son dernier article, il a critiqué le système éducatif laissé par Émile Boutmy en 1872 qui a donné naissance à des générations de dirigeants français et mondiaux, pour son manque de pensée critique, son manque de liberté et son entraînement machinal vers l’homogénéité des étudiants. N’attaquons pas notre ami Eugene, mais répondons plutôt aux préoccupations que notre collègue émit dans son article.

Eugène semblerait suggérer qu’en obligeant les étudiants à assister aux cours avec certains des grands intellectuels de notre établissement, les étudiants – comme des saucisses – sont en train d’être pressés dans le même moule. Cependant, la vérité est que les cours ne définissent pas notre temps à Sciences Po et qu’il existe de nombreux autres domaines de la vie dans lesquels on peut se distinguer. Ce qu’un tel apporte en classe dépend de ce qu’il fait chez soi. Personne n’est « simplement » en classe. Chaque séminaire est un champ de bataille où vous pouvez faire vos preuves grâce à une préparation irréprochable. Justement, il faut insister sur la participation de tous à cette bataille, car c’est grâce à ce processus que l’on affine sa pensée critique et renforce le dynamisme compétitif.

Cependant, notre cher collègue, Eugene, estime que ce processus crée un environnement dans lequel nul ne peut être plus qu’un étudiant “légèrement supérieur à la moyenne”. C’est tout simplement faux. Sciences Po accorde une reconnaissance académique particulière aux étudiants les plus performants. Seuls les meilleurs 2% et 10% élèves reçoivent les mentions summa cum laude et cum laude qui sont convoitées par de nombreux Sciences pistes. Lorsque l’on examine ce sujet dans une perspective comparative, on s’aperçoit que Sciences Po est largement plus discriminant par rapport à presque toutes les autres universités. UBC n’a pas de quota sur le nombre d’étudiants qui recevront une mention d’honneur. Harvard, attribue le summa cum laude à 5% des étudiants, et jusqu’à 50% des étudiants peuvent recevoir le cum laude. En 2015/2016, 33,2% des diplômés de l’Université d’Oxford ont reçu un diplôme de première classe. Il n’y a tout simplement pas de comparaison possible : quand on reçoit une distinction académique à Sciences Po, sa valeur est supérieure.

Sur la liberté, Eugène semblerait se contredire par moments. Au début de son article, on a l’impression que le fait que tout le monde doive terminer une troisième année à l’étranger est un facteur supplémentaire d’homogénéité. Mais à la fin, il reconnaît que, comme cela était peut-être évident en premier lieu, la troisième année peut en réalité permettre à un étudiant de se distinguer. Il faut comprendre que l’objectif de la troisième année à l’étranger est de pousser et inciter les étudiants à rencontrer un monde en dehors de Sciences Po. On est libre de faire ce que l’on veut avec celle-ci et d’en subir les conséquences. C’est l’entrelacement de différentes traditions universitaires qui fait partie du diplôme de Sciences Po, ce qui forme des penseurs critique au terme d’un processus de trois ans.

Mais même au sein de notre grande école, la pensée critique est exigée à tout moment. Eugene utilise l’exemple de l’égalité des sexes pour argumenter que Sciences Po repose sur la pensée consensuelle plutôt que sur les preuves et la raison. Il soutient qu’il y a un certain débat à avoir sur le fait que les femmes continuent d’exister dans une position défavorisée dans la société occidentale. Bien que tous les points de vue soient acceptés à Sciences Po, nous regrettons peut-être le démenti de l’évident. Tous les élèves sont censés avoir effectué suffisamment de travail et de lecture pour apprécier les a priori élémentaires d’un sujet donné.

Eugene conclut sur son point le plus intéressant, à savoir que Sciences Po ne parvient pas à former de grands dirigeants, qui se tiendront seuls comme des montagnes, à la tête de grands mouvements et entreprises. Ses opinions sur le leadership ne sont peut-être pas cohérentes avec l’époque ni avec les preuves à portée de main. L’art de diriger concerne les relations stratégiques, le renforcement de l’esprit d’équipe et la coopération entre pairs. Des compétences que l’on développe en naviguant dans le parcours tumultueux de Sciences Po : à travers des projets de groupe indépendants, la vie associative et le parcours civique (qui permettent aux étudiants de mettre en pratique ce qu’ils ont appris.).

Le point le plus important à retenir est que Sciences Po n’existe pas en tant que centre préparatoire à l’emploi. Tous les étudiants inscrits à Sciences Po s’engagent avec un amour inébranlable pour les sciences sociales et les humanités politiques. Il est vrai que Sciences Po exige beaucoup de ses étudiants, mais en retour, cela donne quelque chose qui ne peut jamais être enlevé : trois années consacrées à une aventure intellectuelle sans entraves.

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