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Par Justine Guérineau

Pour sa troisième année, Nathanaël Ruestchmann, ancien président de l’association Drama’Thalia, a choisi l’option du stage à l’étranger. Le Sundial Press est parvenu à le contacter, malgré les douze heures de décalage horaire entre la France et la Nouvelle-Zélande.

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Crédit photo: Nathanaël Ruestchmann// Auckland CBD vu du Mont Eden

  • Dans quel organisme d’accueil effectues-tu ton stage?

Je travaille sur une période de cinq mois pour le Production Department de la Auckland Theatre Company en Nouvelle-Zélande. J’effectuerai par la suite un deuxième stage de trois mois et demi à Montréal, au Canada, dans une autre compagnie de théâtre.

  • Quels sont les principaux secteurs d’activité demandés par les stagiaires?

De nombreux stagiaires sont attirés par le secteur de la diplomatie et postulent pour des organismes internationaux. La troisième année leur permet de postuler au MAE (Ministère des Affaires Étrangères), d’effectuer leur stage dans un consulat, une ambassade française ou étrangère en fonction de leur nationalité. Certains privilégient le domaine de la culture et se dirigent vers la production ou l’administration culturelle par exemple. Enfin, certains choisissent d’effectuer leur stage dans une ONG (Organisation Non Gouvernementale, NDLR) ou en entreprise, dans un cabinet d’avocat par exemple. Il existe évidemment d’autres secteurs d’activité, les domaines ne sont pas restreints. D’autres exemples sont disponibles sur le site du service carrières de Sciences Po.

  • Pourquoi avoir opté pour un stage plutôt que pour un échange universitaire?

Le stage représentait l’assurance de partir en Nouvelle-Zélande, un pays que j’avais vraiment envie de découvrir. Les trois universités néo-zélandaises partenaires de Sciences Po offrent peu de places aux étudiants en échange, et je souhaitais pouvoir m’y rendre coûte que coûte.

Par ailleurs, j’avais besoin de me pencher davantage sur la pratique. Comment attirer un public dans le monde du théâtre?  Le stage me permet de répondre à des questions concrètes. J’ai aussi l’opportunité de vivre dans plusieurs pays, la possibilité de choisir mes dates de vacances et de poser des jours de congé. Entre la fin de mon premier stage et le début du deuxième, j’ai deux mois de vacances. Si j’avais voulu, j’aurais pu m’organiser autrement et finir ma 3A en février. Le stage constitue un véritable avantage d’un point de vue professionnel et permet d’étoffer son CV. C’est aussi un moyen de se démarquer des autres élèves de Sciences Po qui effectuent majoritairement leur 3A dans des universités nord-américaines.

  • Etiez-vous nombreux à choisir cette option?

Il me semble que les statistiques de Sciences Po indiquent entre 10 et 15%, tous campus confondus. De mémoire, je dirais que nous étions 160. Du moins c’est le nombre indiqué dans le mail envoyé par Christiane Laloy, responsable des stages de troisième année à l’étranger.

  • Pourquoi la Nouvelle-Zélande?

Le Seigneur des Anneaux y est sûrement pour quelque chose! J’étais attiré à l’idée de partir au bout du monde, de découvrir une île loin de tout. C’était une sorte de challenge personnel pour un garçon de la ville comme moi. La Nouvelle-Zélande est un pays fascinant : le premier à avoir donné le droit de vote aux femmes et la dernière terre à avoir été découverte par l’homme. Il affiche 0% de production d’électricité d’origine nucléaire. Mon objectif était vraiment de partir seul au bout du monde, dans un pays où les espaces verts priment sur la ville et de rencontrer des personnes sympathiques. Je peux également voyager seul sans aucun souci. Effectuer mon stage en Nouvelle-Zélande me permet de vivre une troisième année sans restriction sécuritaire, ce qui n’est pas le cas aux Etats-Unis par exemple.

  • Quelles sont les conditions de validation de la 3A en tant que stagiaire?

Ma période de stage doit s’étaler sur au moins huit mois entre le mois de juin de la fin de la 2A et le mois d’août de l’année suivante. Un stagiaire peut effectuer entre un et quatre stages d’une durée de trois mois minimum au cours de sa 3A, temps minimum requis pour s’intégrer dans la vie d’une entreprise. En général, plus le stage est long, plus le nombre de responsabilités octroyées au stagiaire est important. Comme les étudiants en échange universitaire, je dois rédiger un rapport de stage à la fin de l’année et mon maitre de stage doit remplir ma fiche d’évaluation.

  • Pourquoi avoir choisi cette compagnie?

J’ai envoyé un email à toutes les compagnies de théâtre de Nouvelle-Zélande, c’est-à-dire à une vingtaine de compagnies, dans l’espoir de recevoir au moins une réponse positive. L’Auckland Theater Company a été la première à me répondre. J’ai accepté sans vraiment connaître sa réputation. J’ai été très chanceux car il s’agit de la meilleure compagnie du pays! J’ai procédé de la même façon pour Montréal. J’ai dû envoyer entre 30 et 35 emails à des compagnies canadiennes. Le mail présente l’avantage de pouvoir travailler son message et  revenir sur son contenu. Le travail en amont est vraiment primordial : plus grande est la précision, plus il y a de chance d’obtenir une réponse favorable. Se renseigner en amont sur internet sur la taille de l’entreprise ou de la compagnie importe beaucoup car une entreprise trop petite ne pourra pas accueillir de stagiaires. Je conseille vraiment aux étudiants en recherche de stage de se présenter dans le mail comme de futurs travailleurs en quête d’entraînement, d’esprits actifs, prêts à apprendre de nouvelles choses. N’hésitez pas à énoncer clairement les tâches que vous aimeriez effectuer au cours du stage. C’est en fonction de ces dernières que l’organisme d’accueil vous dira si c’est réalisable ou non. Il faut vraiment partir du principe que vous envoyer votre mail à quelqu’un qui a envie de vous accueillir. Vous devez juste lui en donner les raisons. N’hésitez pas à les relancer ! Les entreprises sont bienveillantes, s’ils ne peuvent pas vous accueillir, c’est en général parce que les circonstances ne le permettent pas (petite entreprise, périodes chargées)…

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Crédit photo: Nathanaël Ruestchmann// Le bureau de Nathanaël

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Crédit photo: Nathanaël Ruestchmann

  • As-tu dû passer l’IELTS ou le TOEFL?

Je l’ai passé mais je n’en ai pas eu besoin. J’ai passé une interview en anglais sur Skype.

  • Quels sont tes horaires de travail?

Mes horaires ne sont pas particulièrement représentatifs par rapport aux autres stagiaires : dans le monde du théâtre, ils sont assez flexibles. Personnellement, je dois être au théâtre avant 9h et je suis censé finir à 16h, mais je peux rester plus longtemps si je le souhaite. Mon maître de stage quant à lui travaille en général de 7h à 16h. En général, je passe entre 10 et 11 heures au théâtre par jour. Il sait que je ne suis pas ici uniquement pour travailler et m’accorde de temps à autre des moments pour prolonger mes week-ends de visite.

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Crédit photo: Nathanaël Ruestchmann// le “bureau” de Nathanaël

  • Comment qualifierais-tu le coût de la vie en Nouvelle-Zélande?

J’ai gagné du pouvoir d’achat depuis que je suis ici. La valeur du dollar néo-zélandais a baissé. Pour autant, je ne peux pas dire que la vie n’est pas chère. Le coût de la vie à Auckland doit s’élever à peu près à 1000 euros par mois tout compris, c’est-à-dire pour les sorties, la nourriture, la collocation et le bus. Il est plutôt facile de trouver un boulot ici : deux des trois sciencespistes qui étudient à l’université d’Auckland ont un emploi. Pour ma part, un poste d’ouvreur dans mon secteur d’activité m’a été assez naturellement proposé.

  • D’ailleurs, es-tu rémunéré?

Je ne serai rémunéré ni à Montréal, ni en Nouvelle-Zélande. J’ai 19 ans et en Nouvelle-Zélande, l’obligation de rémunérer un stagiaire prend effet à partir de 20 ans. C’est peut être aussi pour ça que j’ai été pris …

  • Jusqu’à présent, ton stage te conforte-t-il dans ton projet professionnel?

Je dirais même qu’il me conforte dans mon projet et le renforce à 100% ! J’avais déjà une idée précise de ce que je voulais faire avant. Je sais désormais qu’une fois rentré en France, je serai plus confiant en mon projet.

  • Comparé à un échange universitaire, quels seraient selon toi les principaux points positifs du stage?

Du côté positif, j’ai vraiment l’impression d’avoir un aperçu de ce qui nous attend après l’université et de vivre une sorte de test d’entrée dans le monde adulte. L’un des principaux avantages du stage est la possibilité de découvrir si un job te plait réellement. Entre avoir un hobby – comme le théâtre – et enchaîner 40 heures de boulot dans ce domaine en une semaine, c’est très différent. Le stage permet d’avoir une influence sur la vie d’un autre. J’ai travaillé récemment sur un programme d’accès au théâtre et je sais que, si dans six mois une personne handicapée ou aveugle souhaite aller au théâtre, elle le pourra, en partie grâce à mon travail. Se sentir enfin utile fait vraiment plaisir. Je suis également fier d’avoir travaillé sur la campagne de prévention contre la fatigue et le burn out du théâtre. Mon travail permettra peut-être à certains d’être plus heureux. Par ailleurs, j’apprends le côté pratique de la vie professionnelle – je mets de la colle sur un décor et découpe correctement des matériaux non conventionnels – choses que je n’aurais jamais fait à l’université.

  • Et les côtés négatifs ?

Cette expérience demande beaucoup de temps et d’organisation en amont et pendant le stage, ce qui peut se révéler très stressant. Un stagiaire ne reçoit pas d’aide universitaire pour trouver un logement, il ne bénéficie pas du statut étudiant et des avantages qui en découlent. En Nouvelle-Zélande, il n’y a pas de tarifs spécial étudiants au cinéma par exemple. Dans une entreprise, tu es livré à toi-même, il n’y a pas de petite cellule psychologique mise à ta disposition comme c’est le cas à l’université. Selon moi, c’est un peu plus compliqué de parler anglais dans ce contexte. Tu es davantage jugé sur ton niveau de langue et en fonction de celui-ci, des tâches différentes te sont confiées. Tu te retrouves dans un monde d’adultes, où les relations sociales diffèrent. Les collègues, même si tu t’entends très bien avec eux, restent des collègues affiliés au monde du travail. Le stage c’est aussi l’expérience de la solitude. Effectuer un stage à l’étranger a un coût psychologique et financier assez lourd. C’est aussi prendre un risque : celui de se retrouver dans une ville ennuyante, à faire un stage ennuyant. Dans ce cas là, ce n’est pas facile d’en parler. Les stagiaires se demandent: «Le problème vient-il du stage en lui-même, du maître de stage, ou devrais-je faire davantage d’efforts? Comment pouvoir en parler? ». A l’inverse, à l’université, si un cours te déplait, tu dois seulement y assister quelques heures par semaine. Passer trois mois dans une entreprise avec des personnes que tu n’apprécies pas, à faire un job qui ne t’épanouit pas, peut alors vite devenir intenable.

  • Aurais-tu un conseil pour guider les 2As dans leur recherche de stage?

Essayez de postuler pour le stage dont vous avez toujours rêvé et n’hésitez pas à viser le plus haut possible. C’est une occasion qui ne se représentera pas deux fois ! Par contre, vous pourrez réaliser des stages plus accessibles dans le futur. Un bon stage permet d’évoluer aux côtés de personnes passionnées par leur travail. C’est en les côtoyant que l’on prend conscience de la place primordiale tenue par le travail.

  • Un message particulier à adresser aux 2As ?

Merci au Sundial Press pour le travail que vous faites et bonne futures 3As aux 2As rémois !

Bon courage aux futurs stagiaires dans leurs recherches ! Envie de partir dans un pays, une ville ou une université en particulier? Contactez le Sundial Press !

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