Atroces. C’est le seul mot qui puisse décrire les images, chacune plus dure que la précédente, qui figurent dans le documentaire 20 Jours à Marioupol.

Nous sommes le 24 février 2022. En ce premier jour de l’invasion russe en Ukraine, une équipe de vidéastes et journalistes de l’Associated Press menée par Mstislav Chernov se rend à Marioupol pour documenter la guerre. Pour l’instant, la ville est calme, et les Russes sont encore loin. Mais dans un quartier résidentiel, une femme, autour de la cinquantaine, est inquiète et pleure désespérément. Les Russes ne cibleront pas les civils, lui assure Chernov. Quelques heures plus tard, sa maison est touchée. Elle est contrainte de fuir. 

Pendant 20 jours, les journalistes sillonneront les rues de cette ville portuaire afin de capter la réalité cruelle de la guerre. Alors que les forces russes débutent le siège de la ville qui durera plus de 80 jours, ils sont témoins, impuissants, de certaines des pires atrocités jamais filmées. 

Des adolescents qui jouaient au football dans leur jardin : amputés des jambes. Une maternité pleine : bombardée. Des nourrissons âgés de quelques semaines : morts sous le choc. Une fosse commune : remplie d’enfants.

Ce film documentaire vous amènera au bord du gouffre. Vous ne trouverez pas les mots pour décrire votre ressenti face à ces tragédies. Une image en particulier restera sans doute gravée dans votre mémoire : celle d’un médecin qui amène les journalistes dans le sous-sol de son hôpital, sorte de morgue improvisée, pour regarder la pile de cadavres. Le médecin s’accroupit et prend le corps d’un nourrisson dans ses bras. Il déplie les draps tâchés de sang qui servent de sac mortuaire. On aurait dit une poupée. Mais c’est un enfant.

Ces occasions où un habitant de la ville veut montrer les corps aux journalistes pour les diffuser à travers la planète sont nombreuses. Elles sont tant que Chernov finit par remarquer : « En quoi d’autres morts changeront quelque chose ? »

La douleur émotionnelle que crée ce film est nécessaire. A l’heure de la multiplication des hésitations face au soutien apporté à l’Ukraine, il est impératif de comprendre ce qu’est la guerre. 20 Jours à Marioupol devrait être suffisant pour nous rappeler quelques vérités à propos de ce conflit. Oui, les Russes sont coupables de crimes de guerre. Non, des négociations ne sont pas envisageables. L’Ukraine doit gagner.

Il est difficile d’englober en quelques lignes l’importance de ce documentaire. Mais il est clairement d’utilité publique. Il est rare de voir un film si poignant qu’il vous amène au bord des larmes. Et là, ce n’est pas de la fiction.

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