La Pie, peinture à l’huile, Claude Monet (1868-1869)

Par Vital Negroni

     Décembre. Rose réussit à maintenir un semblant de vie sociale, tout en conservant des notes passables. Arthur passe la moitié de son temps chez elle. Il s’est blessé lors d’un championnat de natation et passe donc, morose, beaucoup de temps à paresser et à se plaindre de son professeur d’économie. Il a bien raison, l’homme est un véritable emmerdeur. La présence d’Arthur reste cependant un réconfort pour Rose qui s’attache peu à peu à l’adolescent. Les examens de fin de semestre approchent, tout comme les vacances, et le stress monte. Les soirées des quatre amis continuent avec Arthur et ses amis en invités supplémentaires. Leur fête de fin de semestre se finit dans les toilettes mais Rose en garde un très bon souvenir, enfin, ce dont elle parvient à se souvenir. L’automne est passé, l’hiver arrivé. Le lendemain matin, elle est dans le train, direction le sud de la France, vers chez sa grand-mère. Les deux semaines avant le départ en vacances avec Sophie, Philo, Lucas, Arthur et Noah, permettront à la Lyonnaise de se reposer et de profiter du délicieux poulet de sa grand-mère. 

Janvier. Les étudiants font leurs premiers pas en territoire irlandais. Une semaine dans une grande maison, à faire le tour des pubs et visiter les musées et sites historiques de Dublin. Qui aurait pu trouver meilleure destination ? Les journées furent instructives et les nuits des plus intéressantes. Philo a embrassé un roux à moustaches le premier soir dans un pub. Troisième soirée, Lucas plonge dans une piscine. Celle des voisins, des individus peu sympathiques. Quatrième soirée, Sophie est étrange, Rose ne savait pas si elle avait l’alcool triste ou si autre chose la tracassait. Sixième et dernière nuit, le groupe festoie une dernière fois avant de rendre la maison le lendemain. L’avion est aux aurores, et les pas des six adolescents résonnent dans les halls de l’aéroport. Un vol et puis Paris. Philo est distante, elle sourit poliment quand Rose parle avec enthousiasme mais quelque chose semble la déranger. Une fois au sol, le groupe se sépare et Rose et Sophie partent à la découverte de Paris, et bien sûr, de ses magasins. Sophie est particulièrement enjouée et chaleureuse. Arthur la harcèle de messages. Où sont-elles allées ? Qu’ont-elles vu ? Est-ce que Sophie va l’emmener au Louvre ? Ou à la Tour Eiffel ? Peut-être. Sophie est parisienne. Rose bombarde Arthur de photos et les accompagne de commentaires sarcastiques sur la ville et ses habitants. Ses réponses se faisaient attendre et l’étudiante se demandait ce qui pouvait l’occuper. La journée se finit et Rose se dirige vers la gare du Nord pour prendre son train vers Lille, où les cours reprennent la semaine suivante. Emma l’accompagne, mais probablement pour peu de temps. Jane Austen aurait dû savoir que personne n’aime les pestes pourries gâtées. Rose ferme le livre pour une courte pause pour observer le paysage, mais elle ne l’ouvrira plus après cela. Ses pensées sont dirigées vers Arthur qui ne lui a plus répondu depuis le déjeuner. Pourquoi ne répondait-il pas ? Le train s’arrête, et la jeune femme retrouve sa tanière où la plus longue nuit de sommeil de sa vie, ou de janvier, l’attend.

Février. Flocons de neige et ciel blanc au rendez-vous. Rose profite de l’hiver nordique, si on peut considérer le nord de la France comme nordique. Cheminées, bonnets et chocolat chaud sous un plaid, un vrai rêve éveillé. Les cours ont repris et annoncent un deuxième semestre moins chargé que le premier. La jeune Lyonnaise songe à s’inscrire à des cours de théâtre, elle ne veut pas manquer une seule opportunité. Mais le rythme quotidien ne lui permet pas de concrétiser ce souhait. Les soirées reprirent comme au début de l’année, cependant quelque chose d’étrange se produisit. Un soir, alors qu’elle cherchait Arthur, elle s’avança dans la chambre de Sophie et les surprit en train de parler. Ils étaient très proches. Lorsqu’elle s’avança dans la pièce, ils se tournèrent immédiatement et toute gêne disparut alors. Mais Rose ne pouvait s’empêcher de penser à ce moment, bien qu’Arthur lui ait assuré qu’il ne s’était rien passé entre eux. Rose fait tout pour oublier, passer à autre chose. Mais le moindre sourire d’Arthur lorsqu’il reçoit un message, la distance qu’elle sent peu à peu s’installer entre eux, tout contribue à alimenter ses angoisses. C’est vrai qu’entre eux rien n’est officiel, mais elle espérait que cela arriverait bientôt. Elle ne se savait pas jalouse et ne pensait pas un jour réagir de cette façon. Tout était pourtant revenu à la normale. Ils parlaient tous les jours et se voyaient plusieurs fois dans la semaine. Mais elle commençait peu à peu à observer Sophie et à se comparer à elle. Ses manières, sa voix, son humour et sa vivacité d’esprit. Pourquoi n’avait-elle pas ce quelque chose en plus, cette étincelle ? L’étudiante s’en voulait de nourrir de telles pensées envers son amie. Ce n’était pas juste. Elle s’en voulait de réfléchir de cette façon. Les jours défilent et la vie continue. Le comportement de ses amis ne change pas, et seule Rose déprime. Ses notes ne se sont que peu améliorées, le manque d’activités extrascolaires se fait sentir et ses inquiétudes sur sa relation avec Arthur continuent à la tracasser.

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