Par Vital Negroni
Septembre. L’été se meurt. Rose emménage dans son appartement à Lille, à des kilomètres de Lyon, sa ville. Sa mère l’aide à décorer les trente-deux mètres carrés qui composent son chez-elle. Elle change les rideaux, achète un tapis. Tendre est la nuit sur la table de chevet, Le Tour d’écrou pour inaugurer sa bibliothèque. Tout pour que sa Rose soit aussi bien installée que possible. Elle part après trois jours de courses et autres achats, non sans pleurs. À la semaine d’intégration de leur fac, Rose rencontre Lila. Chevelure rousse et tâches de rousseurs, la jeune fille n’arrête pas de parler et la Lyonnaise apprend à mieux la connaître. Elles s’amusent et profitent des premières soirées. L’alcool afflue. Les rires pleuvent. La semaine se termine et les cours commencent. Rose se sent seule. Sa famille, ses amis et sa sœur lui manquent. Elle voit Lila le soir et les adolescentes mangent ensemble, mais son emploi du temps est très différent de celui de Rose. Elles n’ont pas choisi les mêmes cours. Les premiers pas de l’adolescente dans sa nouvelle université sont rapides et son regard nerveux. Pourquoi doit-elle endurer cela ? Où est le bâtiment C ? En cours d’histoire, elle s’assied au dernier rang. Aussi loin que possible du professeur. Les rangées de bureaux se remplissent et Sophie s’installe à côté d’elle. Grande, blonde, solaire, Sophie a tout pour plaire mais elle est étonnamment timide et peu sûre d’elle. Les deux jeunes filles parlent toute l’heure, elles se découvrent beaucoup de points communs et se font réprimander par le professeur. Au déjeuner, elles mangent ensemble. Aux cours magistraux de l’après-midi, elles échangent leurs notes. Leurs appartements sont à deux rues, elles rentrent donc ensemble. Elles rient tout le long du chemin. Les jours passent, et alors que la Lyonnaise ne voit presque plus Lila, elle devient de plus en plus proche de Sophie. Rose se sent moins seule qu’à son arrivée.
Octobre. Au duo d’amies que composent Sophie et Rose se sont ajoutés Lucas et Philomène, qu’ils surnomment Philo. Lui est spontané et sarcastique, elle, comme son prénom, est peu conventionnelle et excentrique. Les quatre passent leurs soirées ensemble et forment rapidement un groupe d’amis très soudé. Rose ne parle plus beaucoup à Lila. Elles se croisent parfois dans les couloirs et échangent un regard, un sourire, mais rien de plus. La vie sur le campus est active, Rose pensait rejoindre l’association de théâtre ou le journal mais elle laissa passer les inscriptions. Les associations organisent des évènements pour les étudiants, des soirées rassemblant des centaines d’adolescents. Mais Rose et ses amis préfèrent passer leur temps à boire et danser dans l’appartement de Sophie. À une de ces soirées, Lucas invite des amis de l’équipe de natation, Arthur et Noah. Noah est un imbécile. Il pense avoir un bon humour, mais il ne parvient qu’à gêner le petit groupe par ses réflexions presque déplacées.. Arthur est beaucoup plus sympathique. Il est même très drôle. Rose l’aime bien.
Novembre. Arthur lui a proposé de l’accompagner au cinéma avec ses amis. Malgré la gêne de la jeune fille, elle réussit à passer un bon moment. Bien évidemment Noah ne réussit pas à rester silencieux pendant le film, les remarques supposément humoristiques pleuvent. Mais Rose parvient tout de même à apprécier le moment. Elle renoue l’expérience avec Arthur plusieurs fois. Le calme du cinéma, le pop-corn et le jeune homme constituent les bons souvenirs des deux premières semaines du mois. Cependant les résultats des premiers examens n’ont pas été des plus brillants. Mais elle sourit, sûrement plus qu’elle ne l’a jamais fait. Un bon moyen d’oublier le seul nuage noir dans sa vie et de se concentrer sur ce qui la rend heureuse. Avec la fin du semestre qui approche, le groupe prépare ses vacances d’hiver. Ils ont prévu de partir à l’étranger, peut-être en Irlande. Sûrement en Irlande. Les billets d’avion sont beaucoup moins chers que pour aller n’importe où ailleurs. Rose a toujours voulu aller à Galway. Le côté sauvage et les falaises monumentales de la côte ouest de l’île l’ont toujours attirée. Les jours défilent, et la fin du mois approche. Rose se concentre sur son travail, elle doit obtenir de meilleures notes pour valider son semestre. Les cours à l’université sont beaucoup plus difficiles que ce qu’elle pensait. La jeune femme est désorganisée, sèche souvent les cours et bâcle son travail pour sortir avec ses amis. Elle dort moins, et ne trouve plus le temps de lire, faire du sport ou des moments pour ce qu’elle avait l’habitude de faire avant de quitter le domicile familial. Les derniers vents d’automne soufflent mais leur froid ne réussit pas à détruire le bonheur de l’étudiante.
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