16 septembre 2022 – Mahsa Amini, une étudiante iranienne d’origine kurde de 22 ans, décède après son arrestation par la police des mœurs iranienne pour « infraction au code vestimentaire ». Cet événement marque le début d’une vague massive de protestations qui défie le régime et ébranle les autorités du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.

Des femmes fatiguées, épuisées, lassées de ce régime autoritaire qui les opprime, toujours plus, s’approprient les rues d’Iran et revendiquent des droits et libertés, que ce régime leur retire peu à peu d’une manière sans précédent. C’est le chaos. 

Mais après cela, plus rien… Après ces quelques mois à en entendre parler constamment sur les journaux, les podcasts, la radio, plus rien, un silence quasi total à l’exception de certaines news de temps à autre. Mais ce n’est pas parce que ce n’est plus l’objet central d’un débat public, que la situation est résolue. Loin de là, la dictature patriarcale instaurée en Iran par le régime isalmique de l’Ayatollah Khamenei, ne fait que s’accroître en termes de répression de la population, et plus concrètement des femmes.

Mais alors, où en sommes-nous un an après la mort de Mahsa Amini, provoquée par la manière de porter son voile, jugée incorrecte ? Quelles sont les mesures mises en place actuellement, en réponse à l’insubordination civile au régime isalmique ?  

16 septembre 2023 – C’est à l’occasion de la commémoration du premier anniversaire du décès de Mahsa Amini, que ces questions surgissent au sein des débats médiatiques, afin de dresser un constat de la situation actuelle.

Selon les autorités iraniennes, entre le 15 avril et le 14 juin 2023, plus d’un million de femmes ont été photographiées et identifiées alors qu’elles ne portaient pas de voile dans leur voiture. Elles reçoivent, par la suite, des SMS d’avertissement les prévenant que leur véhicule risque de leur être confisqué. Des milliers de menaces ont déjà été mises à exécution.

Nous constatons également que les tribunaux imposent, de plus en plus, de peines dégradantes aux femmes reconnues coupables d’avoir enfreint les lois sur le port obligatoire du voile. Des sanctions telles que l’obligation d’assister à des séances de conseil pour “comportement antisocial”, de laver des cadavres à la morgue ou encore de fournir des services de nettoyage dans les bâtiments publics, sont ainsi courantes. 

En effet, la situation légale des femmes n’a pas changé et s’est même aggravée, dans la mesure où une nouvelle loi, connue sous le nom de “Soutien à la culture du hijab et de la chasteté” est en train d’être votée par “le Conseil des gardiens”, après avoir été approuvée par le Parlement iranien. Elle prévoit des sanctions beaucoup plus sévères pour la violation de la législation en vigueur, avec tout un ensemble de sanctions qui portent gravement atteinte à leurs droits fondamentaux, notamment  sociaux et économiques. Amendes, confiscation des voitures et des appareils de communication, interdiction de conduire, prélèvements sur le salaire ou les prestations liées à l’emploi, licenciement ou encore interdiction d’utiliser les services bancaires sont parmi les mesures proposées, certaines ayant déjà été mises en place.

Le projet de loi propose également de condamner les femmes et les filles déclarées coupables d’avoir enfreint la législation sur le port du voile « de façon systémique ou en collusion avec des services de renseignement ou de sécurité étrangers » à une peine de cinq à dix ans d’emprisonnement ainsi qu’à une interdiction de voyager et à une assignation à résidence dans un lieu désigné. 

Ces mesures accompagnent le retour dans les rues iraniennes de “la police des moeurs”, l’unité qui avait arrêté Mahsa Amini et qui fut dissoute en décembre 2022, suite à d’énormes coups de pression.

D’autre part, à l’approche du premier anniversaire du décès de Mahsa Amini, les militantes affirmaient que la répression s’était intensifiée, ciblant notamment les proches des personnes tuées lors des manifestations, pour s’assurer qu’ils ne s’expriment pas.

“Les autorités iraniennes tentent d’étouffer la dissidence pour empêcher la commémoration publique de la mort de Mahsa Jina Amini, devenue le symbole de l’oppression systématique des femmes, de l’injustice et de l’impunité par le gouvernement”, a déclaré Tara Sepehri Far, senior chercheuse sur l’Iran et le Koweït, à Human Rights Watch.

En d’autres termes, la répression est belle et bien encore présente, voire même plus forte, au sein de cette dictature patriarcale, qui s’instaure dans l’ombre du XXIème siècle, à l’insu des sociétés occidentales et de leur inaction. Un an après Mahsa Amini, le constat est effrayant : selon Carole André-Dessornes, géopolitologue française, spécialiste des rapports de forces et violences au Moyen-Orient, en janvier 2023, un bilan faisait état de 500 manifestantes tuées, de 18 000 arrestations et de 11 condamnations à mort. 

La situation n’a donc guère changé : les femmes sont abandonnées à leur sort dans une société les considérant inférieures. Mais, jusqu’à quand ce régime continuera-t-il à imposer ses idées conservatrices et  misogynes ?

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