Jeudi 9 novembre 2023 : Organismes militants et féministes des sept campus de Sciences Po Paris appellent  aujourd’hui à l’urgence de rectifier la gestion des violences sexistes et sexuelles (VSS) par l’institution. Un communiqué intercampus intitulé Sciences Po, Paradis des violeurs a été publié ce   matin, accompagné par des rassemblements devant plusieurs campus. 

Malgré les avancées, la situation demeure « inadmissible» selon les associations féministes et syndicales de Sciences Po. En 2021, la  «bombe à fragmentation» qu’a été l’affaire Olivier Duhamel, ancien directeur de Sciences Po accusé d’inceste, déclenche  le mouvement #SciencesPorcs, par le biais duquel plusieurs victimes d’agressions au sein de l’établissement témoignent publiquement sur les réseaux sociaux. 

En réponse à ces événements, un groupe de travail présidé par le sociologue Danièle Hervieu-Léger a publié une série d’observations et de recommandations pour améliorer la gestion des VSS à Sciences Po. À la rentrée 2021, les nouvelles mesures incluent la mise en place d’une infirmière relais VSS sur chaque campus de Sciences Po pour accueillir, informer et orienter les victimes et témoins ainsi qu’une «personne référente VSS» transmettant les témoignages à la Cellule d’enquête interne préalable (CEIP). Par ailleurs, l’établissement a annoncé que «les membres de toutes les communautés de Sciences Po (étudiants, enseignants et salariés) bénéficieront d’une formation sur le consentement et les risques de sanctions encourus, dans le cadre d’un plan de sensibilisation global ».

Cependant, les étudiants responsables du communiqué intercampus expliquent que les procédures d’accompagnement demeurent insuffisantes, avec des victimes souvent dissuadées de poursuivre leurs démarches par l’administration, des délais excessifs, et la présence des agresseurs à subir  par les victimes tout au long de la procédure. Lors d’une prise de parole devant le campus de Reims, Lola Krivosic, porte-parole du communiqué, a vivement critiqué « “l’oubli de l’administration de séparer la victime et l’agresseur dans les salles de partiels à Dijon, alors que cela avait été explicitement demandé par la victime»

Les élèves de Sciences Po ont également soulevé la question de l’anonymat des victimes. Le communiqué cite l’exemple de la «révélation d’informations personnelles d’une victime, partagées dans plus de vingt-cinq articles de presse, sans aucune prise de responsabilité de Sciences Po»

En outre, des sanctions « insuffisantes, voire dangereuses» envers les agresseurs ont été dénoncées. Les auteurs considèrent que Sciences Po ne prend pas de responsabilité pour la protection des victimes et la discipline des agresseurs, ceux-ci étant simplement migrés vers d’autres campus et envoyés vers la justice sans recevoir de sanctions significatives de la part de l’établissement. Les organisations féministes et syndicales exigent l’arrêt immédiat de cette pratique.  

Parmi les solutions proposées, les auteurs du communiqué demandent que les victimes aient une réponse par mail des victimes sous 24 heures, la « mise en place systématique d’une mesure d’éloignement de(s) accusé.e(s) en attente des résultats de l’enquête», «l’augmentations des effectifs de la cellule VSS», et la fin des sanctions “éducatives” du type “mesures de responsabilité”».

Toutes les revendications peuvent être retrouvées sur le compte instagram @ae_reims. 

Une pétition intercampus a été publiée pour soutenir le communiqué, récoltant près de 900 signatures depuis ce matin. 

 

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