Crédit: Arte

L’âge d’or du polar français serait-il arrivé ? Est-ce la fin de la domination des thrillers scandinaves ? C’est en tout cas l’ambition de la nouvelle minisérie d’Arte, De Grâce. En six épisodes, le réalisateur Vincent Cardona nous propose une immersion dans le monde des dockers du Havre, et ce avec quelques bonnes gouttes de liberté artistique.

Le soir de son anniversaire, Pierre Le Prieur (Olivier Gourmet), un ouvrier parmi les plus respectés du port, se voit plongé dans les vendettas des trafiquants de drogue, lorsque son fils, Simon (Panayotis Pascot), est interpellé après une course-poursuite dans une Mustang chargé d’une petite cargaison de cocaïne. La tranquillité de la vénérable famille Le Prieur est alors bouleversée par une série de retournements dignes d’une tragédie grecque.

En effet, si cette série s’empare de la condition sociale des dockers havrais pour en faire son arrière-plan, ne vous attendez pas à une représentation qui rend des comptes fidèles à la réalité. Alors que le port du Havre est bel et bien confronté à une hausse sans précédent du trafic depuis quelques années, et même à des rendements de compte sanglants, De Grâce échoue à décrire les peurs des dockers, qui sont loin d’être une fiction. A la place, Vincent Cardona met en scène une communauté d’ouvriers où tout le monde serait impliqué d’une manière ou d’une autre dans les activités criminelles. 

Alors même que le cinéma peut se féliciter de témoigner des souffrances d’un grand nombre de français, cette série ne peut se vanter des mêmes vertus. Au-delà de cette théâtralisation infidèle à la cause des dockers, la représentation des Havrais n’y est pas moins défavorable. Au lieu d’interpeller les téléspectateurs sur un fléau présent dans tous les ports européens, De Grâce n’est rien d’autre qu’un thriller, ni plus ni moins.

Qu’en est-il donc du divertissement ? Si le jeu des acteurs est meilleur que les choix des scénaristes, ils ne sont pas non plus au sommet de leur art. Olivier Gourmet, qui s’est récemment distingué pour Sambre, rate ici son coup et tombe dans la caricature du père de famille prêt à mourir pour protéger sa femme et ses enfants. Panayotis Pascot, sensation de la rentrée littéraire 2023, ne parvient pas, lui, à donner de la profondeur à son personnage.

Alors, si vous avez besoin d’un thriller dépaysant au cours des midterms qui approchent à grand pas, De Grâce est fait pour vous. Cependant, si vous cherchez quelque chose d’un peu plus intellectuel, passez chemin.

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