By Anna Colbert
C’est cette phrase optimiste de Laurent Bouquet (représentant du PS) que l’on retiendra du débat.
A moins que vous ne viviez totalement coupé du monde, il y a peu de chances pour que vous ignoriez la prochaine tenue de la COP 21 (soit la 21ème Conférences des Parties), qui aura lieu du 30 novembre au 11 décembre à Paris. Différents pays et organisations (notamment l’Union Européenne) procéderont à des débats et à des négociations dans le but de maintenir le réchauffement de la planète en-deçà du seuil de 2 degrés d’ici la fin du 21ème siècle. Etant donné les bilans mitigés des dernières COP (notamment la COP 15 qui a eu lieu à Copenhague en 2009), la conférence à venir est ‘attendue au tournant’ et de nombreux événements sont prévus en France à ce sujet.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le débat sur la place de l’Union Européenne dans la lutte contre le réchauffement climatique : l’UE est-elle capable de concilier les avis divergents des pays membres ? Quelles mesures devraient être prises par l’UE concernant la transition énergétique ? Quelles mesures devraient être prises au niveau national ? Autant de questions qui ont été abordées lors du débat organisé par Les Jeunes Européens Reims sur le thème de « l’UE et l’environnement », modéré par Nicole Fachet (de France TV) et ouvert à tous.
Parmi les invités, l’on retrouve les représentants de cinq partis politiques : le Front de Gauche (représenté par Kamel Mouhoubi), le Parti Socialiste (Laurent Bouquet), Europe Ecologie les Verts (Julien Asasi), l’UDI (Dimitri Oudin) et Les Républicains (Laure Miller). Bien que les Jeunes Européens aient invité le Front National, le parti ne s’est pas fait représenter durant ce débat.
En premier lieu, la question se pose de savoir à quel niveau se joue la lutte contre le réchauffement climatique. Tandis que tous s’accordent pour dire que l’Union Européenne semble être le niveau le plus légitime et le plus pertinent pour prendre des décisions, le PS, EELV et le Front de Gauche insistent sur la nécessité de prendre des initiatives au niveau local (soit au niveau des collectivités territoriales, soit au niveau des citoyens eux-mêmes, en adoptant des gestes écologiques) ainsi que sur la place primordiale des citoyens dans le débat.
Pourtant, malgré cet accord sur l’importance de l’UE, les invités ne sont pas tous optimistes quant au résultat de la COP 21. Kamel Mouhoubi, notamment, exprime son peu d’espoir de voir la COP 21 aboutir à un accord contraignant, les avis des pays membres de l’UE étant trop divergents pour aboutir à une position commune.
Les deux thèmes proposés par les Jeunes Européens étaient la transition énergétique et l’UE et le projet de financement des pays en voie de développement, estimé à 100 milliards d’euros. La transition complète de l’UE, d’ici 2050, est l’un des buts fixés par la COP 21. Depuis Fukushima, la question du nucléaire s’est imposée sur l’agenda politique : s’ils sont nombreux à dire que la transition énergétique est plus que désirable, celle-ci doit s’effectuer en douceur. Laure Miller se distingue par sa position plus problématique : selon elle, les centrales nucléaires (« en France tout du moins ») sont sûres et pour cette raison, la disparition du nucléaire en France n’est pas souhaitable.
Mais quelles mesures concrètes proposent donc les invités ? Le Front de Gauche mentionne brièvement l’écosocialisme et la règle verte, une mesure ayant pour but de « solder notre dette par rapport à l’environnement ». L’une des mesures proposées est la mise à contribution des multinationales qui, selon ses chiffres, seraient responsables de plus de 60% des émissions de gaz à effet de serre. Le Parti Socialiste avance les difficultés qu’a l’UE à faire respecter ses propres normes environnementales aux firmes extérieures à l’UE. Rendre la taxation plus stricte réglerait en partie le problème du financement. EELV, dans sa perspective centrée sur l’individu, insiste sur la possibilité d’un village de s’auto-sustenter : il s’agit, selon ce parti, d’encourager de telles initiatives. L’UDI propose plusieurs mesures à prendre : investir dans les énergies alternatives, l’accentuation des recherches en termes de développement au niveau européen, la décarbonisation de l’économie via la régulation des quotas de CO2 (depuis la ratification du protocole de Kyoto, les entreprises doivent respecter certains quotas sur le marché du carbone).
On pourra bien évidemment regretter le renvoi systématique des torts faits par tel ou tel parti quand celui-ci était au pouvoir (« c’est de votre faute si… ») mais cela n’aura pas empêché un débat constructif autour de la question. En fin de compte, le débat repose sur une compréhension différente de notre société. Si les problèmes environnementaux actuels sont le fruit du capitalisme, comment et à quel point réguler la libéralisation du marché afin d’éviter la catastrophe annoncée ? Sur ce point, les avis divergent, c’est le cas de le dire, « de gauche à droite ». EELV et le Front de Gauche prônent un changement radical de notre société, ce qui, pour eux, est le seul moyen de combattre le réchauffement climatique. Le PS, un peu plus mitigé, argue que « le capitalisme a autant apporté qu’il a détruit » ; l’UDI et Les Républicains exhortent quant à eux un « libéralisme corrigé ». De fait, ces différentes conceptions régissent la manière dont ces différents partis approchent la question environnementale.
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