Enfants, ados, adultes, personnes âgées, tout le monde a besoin de culture. Mais au regard de notre société française actuelle, on peut se demander si elle est vraiment rendue accessible à tous. 

Le Larousse définit la culture, au sens large, comme « l’enrichissement de l’esprit par des exercices intellectuels. » Ici, la culture sera envisagée comme des activités telles que la lecture, le cinéma, la musique, les musées…

Que ce soit les places de concert, les livres ou le cinéma, dans l’imaginaire collectif, le prix de ces offres culturelles augmente continuellement, d’autant plus exacerbé par la situation économique actuelle.

Mais les prix de la culture augmentent-ils réellement ? Et les pouvoirs publics peuvent-ils pallier cette augmentation pour rendre ce besoin sociétal accessible à tous ?

La situation économique actuelle laisse penser que les prix de la culture augmentent. Ces dernières années, l’inflation a fait rage. 

L’année 2022 en particulier, marquée par les conséquences de la guerre en Ukraine, a senti l’inflation s’établir à +5,2% l’année dernière, ce qui a touché toutes les industries, et certaines offres culturelles. C’est le cas des livres : le prix du papier, 5% du prix total des livres, a augmenté de 85% depuis 2021 (Syndicat national de l’édition), poussant les éditeurs et les libraires sous l’eau à augmenter les prix. 

Les livres ne sont pas les seuls impactés par la situation économique. Les cinémas français ont fait face à une terrible crise suite à la pandémie COVID-19. En manque de spectateurs (une baisse d’entrée de 30% en 2022 par rapport à 2019 d’après le Centre National du Cinéma), certains cinémas ont dû se résoudre à augmenter le prix des places. Cette baisse des entrées est liée aux craintes du COVID-19, mais aussi aux plateformes de streaming comme Netflix et Disney + qui ont créé un désintérêt pour l’expérience cinématographique en salle. 

Depuis le mois d’avril 2023 pourtant, cette crise semble s’être apaisée : les prix baissent à nouveau face à l’affluence retrouvée. 

L’industrie du spectacle, et les concerts en particulier, se voit également touchée par l’augmentation des prix. En effet, si le prix moyen d’un ticket est de 43€, une immense disparité de prix existe, ces derniers pouvant monter jusqu’à 700€ (prix unitaire), particulièrement pour les concerts d’artistes internationaux. 

Une étude commandée par le Syndicat National du Spectacle Musical et de Variété (PRODISS) a montré que les « bonnes » places dans les salles à grande capacité (zéniths, arénas, stades) “ont connu une augmentation supérieure au niveau de l’inflation entre 2019 et 2023.” Les prix ont notamment augmenté en moyenne de 22,7% pour les places les plus chères dans les stades. 

Au concert de Beyoncé au Stade de France le 26 mai dernier, la place la moins chère ne valait pas moins de 79€. À titre de comparaison, au Royaume-Uni, la même place était fixée à 59€. 

De nombreuses explications peuvent être avancées pour comprendre cette inflation. Malika Seguineau, directrice générale du PRODISS, explique dans un article du Figaro que le cachet de l’artiste et des équipes peut représenter “jusqu’à 50% du coût du billet.” Le prix peut donc augmenter face aux demandes des artistes, au coût de la mise en scène (souvent très élevé pour des artistes de renom) ou encore au déclin des ventes physiques de disques (face à l’apparition de plateformes comme Spotify). 

D’autre part, 33% du prix réside dans la location de la salle. Celle-ci s’est fortement accrue avec l’augmentation des prix de l’énergie ou encore dû renforcement de la sécurité depuis les attaques du Bataclan notamment. Les caisses de l’État se servent également, et récupèrent 17% du prix  d’une place. 

Les prix des offres culturelles augmentent donc réellement depuis ces dernières années, ce qui fait émerger de réels problèmes de société, rendant difficile son accès. 

Dans certaines familles, la culture n’est plus une priorité par manque de moyens. Des prix qui augmentent peuvent décourager les consommateurs de pratiquer des activités culturelles. Selon l’INSEE en 2015, 6% des 16 ans ou plus déclarent ne pas avoir assisté à un spectacle dans les 12 derniers mois. Si ce manque d’accessibilité persiste dans le temps, les consommateurs risquent de se désintéresser de la culture tout bonnement. 

Les contraintes d’accès à la culture peuvent alors être sources d’inégalités sociales fortes au sein de la population, un problème d’autant plus visible chez les jeunes, en particulier chez les étudiants. 

Selon une enquête de l’association Linkee sur la précarité étudiante portée en 2023, 47% des étudiants vivent avec moins de 400€ par mois. Cela se traduit par une moindre importance de la culture dans la vie de la jeunesse française. 

Alors quelles aides sont possibles pour donner accès à la culture aujourd’hui ?

Si elles ne sont souvent pas suffisamment médiatisées, de nombreuses aides et offres culturelles gratuites existent aujourd’hui, rendant la culture plus accessible, en particulier aux étudiants. 

Au sein de la ville de Reims par exemple, tous les musées sont gratuits pour les moins de 25 ans, rendant l’art accessible aux jeunes. A l’échelle nationale, les collections permanentes des musées nationaux sont gratuites pour les jeunes de moins de 26 ans.

D’autres aides nationales s’appliquent aux jeunes. Pour les 15-18 ans, le Pass Culture accorde une somme d’argent non-négligeable aux jeunes (300€ à 18 ans). Ce Pass permet d’accéder à des biens et activités culturelles (places de cinéma, concerts, théâtre, livres…). 

Mais, pour Emmanuelle Anthoine, députée Les Républicains, ce Pass n’est pas assez médiatisé et devient une « politique culturelle passive » qui propose une offre culturelle qui ne prend pas en compte l’isolement culturel de certaines régions. 

Malgré l’efficacité de ces politiques culturelles, beaucoup pensent qu’elles engendrent une forme de snobisme culturel. Il est vrai que peu d’offres et tarifs étudiants sont proposés pour l’accessibilité aux jeux vidéos ou aux concerts par exemple. Ces offres concernent principalement l’art au sens des musées ou du cinéma. 

Au-delà des jeunes, des aides sont proposées pour l’ensemble de la population. Les musées sont gratuits pour tous à certains moments clé de l’année, tels les premiers dimanches du mois, les Journées du Patrimoine, ou la Nuit des musées. 

Cependant, une solution à l’accessibilité de la culture réside dans la manière de la consommer. La culture est partout autour de nous et gratuite: architecture, parcs, sites historiques… Profiter de la culture sans payer est donc possible. De la même manière, l’expérience culturelle peut être plus accessible si elle est consommée « seule ». Ainsi, le cinéma est plus accessible sans boisson et nourriture; les concerts sont moins chers sans produits dérivés…

En somme, l’augmentation des prix des activités culturelles est bien réelle et entraîne des problèmes de société au quotidien. Cependant, l’accessibilité à la culture, même si imparfaite, est encouragée par les pouvoirs publics qui ne cesse d’augmenter le budget de la culture (+ 7% en 2023). Chaque individu a également un impact sur son accessibilité à la culture et peut l’accentuer en changeant sa façon de consommer. 

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