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À chaque élection, les médias nous crient en boucle: “C’est un score historique pour le parti d’extrême droite!”. En Pologne, en Italie, en Finlande, en France… Comment sommes-nous arrivés là ? Même dans les pays encore traumatisés par la montée au pouvoir des fascistes, l’extrême droite réalise des résultats records. Ce fut le cas de l’Allemagne qui, en septembre dernier et pour la première fois depuis 1945, a vu un parti d’extrême droite (Alternativ für Deutschland, Alternative pour l’Allemagne) remporter les élections dans un état du pays.

Fin septembre, c’est un autre pays qui est tombé entre les bras de l’extrême droite populiste: l’Autriche. Le parti FPÖ, ou parti autrichien de la liberté, a remporté les élections législatives avec 28,85% des voix. Bien qu’il n’obtienne pas la majorité absolue au parlement, il est tout de même considéré comme le “gagnant” de ces élections. Un coup dur pour la tolérance, pour l’Union européenne mais aussi et surtout pour l’Histoire. En effet, le FPÖ est fondé en 1955 par d’ex-nazis et est dirigé en premier par un ancien général SS. Le parti a depuis changé de stratégie pour tenter de redorer son image auprès de publics particuliers. D’abord, en essayant de soudoyer les plus touchés par les crises depuis 2020, en diffusant des propos conspirationnistes sur le Covid-19 et en condamnant les sanctions contre la Russie. Ensuite, en attirant les plus démunis avec des propos forts contre l’inflation. Il y a aussi eu les discours démagogues puissants du chef du parti, Herbert Kickl, qui reste très proche des petits groupes néonazis du pays.

Mais alors, comment ce parti se retrouve-t-il maintenant en haut de l’échelle politique ? Le parti du FPÖ avait déjà accédé au pouvoir de 1999 à 2006 en coalition avec l’ÖVP (le parti de droite classique). Cependant, une défaite assez significative de l’ÖVP aux élections de 2006 a dû remplacer le parti de la liberté (le FPÖ) par les socialistes dans la coalition du gouvernement. Ensuite, l’alliance gouvernementale “noire-bleue”, nommée après les couleurs des deux partis de droite, avait repris le pouvoir en 2017. Néanmoins, l’affaire baptisée “Ibizagate” avait tout changé. Ce scandale, dévoilé juste avant les élections européennes en 2019, montrait une vidéo compromettante, où l’on voit Heinz-Christian Strache, alors chef du FPÖ et vice-chancelier, discuter avec une femme prétendant être la nièce d’un oligarque russe. Dans cette vidéo, Strache proposait des moyens de financer illégalement le FPÖ et suggérait que l’oligarque rachète un journal autrichien afin de le rendre plus favorable à l’extrême droite.

Malgré ce rapprochement avec la Russie et un passé plus que controversé, le FPÖ semble aujourd’hui bénéficier de l’épuisement de l’électorat face aux partis “traditionnels”.

Dans ce climat de désillusion et de défiance envers les partis au pouvoir, l’avancée du FPÖ aurait pu être considérée imparable. Pourtant, malgré son score élevé, le parti d’extrême droite pourrait éventuellement se retrouver écarté du gouvernement, grâce aux alliances et coalitions qui se dessinent. Ainsi, même avec une majorité, il reste hautement probable qu’il soit exclu du pouvoir. À titre de comparaison, il y a quelques mois en Pologne, le parti ultra-conservateur PiS avait obtenu la majorité des voix. Néanmoins, les autres partis avaient réussi à former une coalition, excluant ainsi l’extrême du pouvoir. Tout de même, les nouvelles coalitions mettent plusieurs mois à se former après chaque élection; nous ne pouvons donc pas encore être certains. Pourtant, beaucoup d’experts s’annoncent confiants et prédisent un autre mandat pour l’ÖVP – sans alliance avec le FPÖ mais plutôt avec les Verts.

La montée des extrêmes ne date pas d’hier. Le populisme n’est pas une stratégie politique qui émerge sans fondement. Mais si ces stratégies résonnent avec la population, il est peut-être nécessaire de s’adresser aux racines du problème. Ces élections récentes en Autriche, mais aussi en France ou en Pologne, révèlent, pour de nombreux spécialistes, une tendance plus étendue : une partie significative de la population se tourne vers des partis d’extrême droite, qui sont souvent perçus comme une réponse face à un système politique jugé inefficace ou déconnecté de leurs préoccupations. Certains électeurs préfèrent voter pour des solutions radicales, dans l’espoir d’un changement radical. Il sera donc intéressant d’analyser le futur paysage politique de nos pays européens.

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Mathilde Le Blanc-Braouezec

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