Ce n’est pas tous les jours que vous avez un expert de l’extrême-droite devant vous, si ce n’est votre tonton au coin de la table. Mais lundi 08 avril dernier, une vingtaine de Sciences Pistes rémois ont pu faire une incursion au centre de la « fachosphère » française le temps de deux petites heures. Malgré le début des festivités des campagnes, ces étudiants, dont certains étaient plus expérimentés que d’autres dans le domaine, ont bravé la complexité du sujet pour assister à la conférence de Mathieu Molard, invité du Sundial Press et co-rédacteur en chef du média indépendant StreetPress. Au programme, un portrait des nombreuses variétés de l’extrême-droite française.

Mathieu Molard a débuté sa conférence avec une brève histoire du Rassemblement National, soit ce qui représente l’extrême-droite parlementaire. Ainsi, il était une fois un groupuscule héritier de la collaboration pétainiste qui s’appelait l’Ordre Nouveau. Ces néo-fascistes avaient du mal à trouver un porte-parole pour leur mouvement, avant de trouver un modéré qui parlait bien à la télévision – Jean-Marie Le Pen. Ce qu’il faut tirer de cet épisode de l’histoire politique, c’est que le Front National était composé de plusieurs groupes radicaux, soit un héritage qui explique encore la composition du RN.

Ayant posé ces fondements, le journaliste, qui a fait 10 ans chez StreetPress en traitant principalement de l’extrême-droite, a brossé le tableau des différentes doctrines qui le peuplent. Au-delà des élus du RN, elle est en réalité composée d’un véritable panel de nationalistes. Les plus anciens, qui trouvent leur origine dans l’affaire Dreyfus, sont les monarchistes. A travers l’Action française, ils forment le seul groupe à disposer d’institutions de formation intellectuelle. Viennent ensuite les nationalistes révolutionnaires, soit les « néo-fascistes » selon Mathieu Molard, les identitaires, qui revendiquent la théorie du grand remplacement, les catholiques, qui disposent d’un ancrage territorial très renforcé, et enfin les autres extrémistes, soit ceux qui sont « confusionnistes » pour Molard. 

La facette la plus intrigante de cette conférence a sans doute été les nombreux aperçus du travail journalistique qu’a proposé le rédacteur en chef de StreetPress. Entre anecdotes de soirées et témoignages de ses nombreux reportages, Mathieu Molard a montré la face cachée de son travail d’enquêteur. Il a notamment expliqué que, pour chaque groupe d’extrême-droite, il convient d’adopter une stratégie d’enquête qui leur est propre. Les monarchistes sont plutôt ouverts à la couverture médiatique, notamment depuis leur opposition vocale au mariage pour tous. Les nationalistes révolutionnaires, eux, sont plus timides, et il est nécessaire d’effectuer un travail de recherche important, même si leurs actions se retrouvent rapidement sur les chaînes Telegram qui leur sont dédiées. Mais, les plus discrets sont les catholiques, parfois organisés dans des groupes aux dérives sectaires. Saint Pie X est une telle organisation qui se distingue par un maillage territorial sans comparaison à la suite de ses nombreux achats de propriétés (plus d’une centaine en France).

Alors, que faire avec toutes ces informations ? Mathieu Molard ne cache pas sa mission. StreetPress a une vocation explicite à combattre la montée des extrêmes-droites en France, d’où la nécessité de se faire cette culture politique. Interrogé sur l’efficacité de StreetPress à atteindre une audience d’électeurs qui tendent vers le RN voire Reconquête, le journaliste dit simplement : « Au moins on aura essayé. »

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