En somme, une nuit. Une fille, seule, s’ennuie. Pffff, voici l’ennui de nuit. Oui, la nuit lui nuit.

 

Et elle se dit :

« La nuit, je fuis.

Je fuis ma vie.

Elle vit sans moi,

elle voit sans vie.

Oui, ma vie me nuit.

Et cette nuit encore,

Déni du corps,

Je ferme les yeux,

Et je m’en veux.

 

… mouais… Bien les rimes Esther ! Les poètes, c’est bon pour théâtraliser sa vie, dramatiser l’existence et se lamenter. Le poète de nuit est bien isolé dans les énigmes de ses questions. »

 

Mais Esther aime se perdre dans le déluge poétique. Elle pense :

« La solitude nocturne est un tremplin pour les angoisses.

Son silence incomblable laisse bien trop de place

Aux acouphènes existentiels

Et aux souvenirs de miel

Disparus, envolés,

Les souvenirs d’une vie volée

 

Olala … Arrête tes jérémiades et DORS ! »

 

Mais c’est trop tard, le courant de mots l’emporte au fond du lit. Le courant de mots l’emporte au fond de sa nuit. Elle continue ainsi en chantonnant :

 

«  Et tout est mort dans mon coeur

Tout se meurt dans mon corps

Mon âme se laisse pourrir

Tant de drames veulent m’assouvir !

 

M’assouvir ? M’asservir tu veux dire ? Eh bah ma vieille, je ne sais pas où tu vas finir mais certainement pas à l’Académie française… »

 

Et pendant des heures durant notre Esther se plaît à mettre en mots ses douleurs, elle joue avec sa souffrance. Les mots la font rire, parfois leur sens s’envole mais peu importe puisque la vie pour elle n’en a plus.

 

Quel délicieux supplice qu’est l’ennui de ses nuits ! Elle voudrait que jamais le jour ne revienne pour continuer de jouer seule avec les lettres.

 

En somme, une fille, seule, la nuit.

Bref, 

Insomnie.e 

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