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Il était une fois et il n’était pas,

là où les collines jouent avec le soleil, deux petits garçons beaux comme des anges. Ils habitaient ces contrées sauvages où terres et ciels se confondent. 

C’était le printemps, la forêt s’était dévêtue de son épaisse couverture de neige et laissait place à la sublime renaissance des couleurs. 

***

Deux bambins dévalent à toutes jambes les hautes herbes d’une plaine ensoleillée. Ils rient. Leurs doux cheveux s’agitent au vent dans une danse voluptueuse.

L’un a de belles boucles rousses, des yeux plus verts que les chênes qui l’ont vu naître, et les joues toutes roses. Céleste.

L’autre est brun et son sourire ravissant fait rire ses prunelles couleur noisette. Juste.

Les magnifiques créatures s’aiment comme des frères, et dans leur course endiablée, ils sentent leurs cœurs jouer la même partition.

Arrivés au pied d’un ruisseau, ils retirent promptement leur léger vêtement de lin blanc et se baignent. Ils se laissent ainsi porter par le courant, sans souci de savoir où ils vont.

Et tout l’après-midi durant, ils ne cessent de rire et de chanter, faisant s’envoler leurs voix divines dans un écho éternel. 

***

Un petit détail attendrissait les autres résidents de la forêt, et surtout les oiseaux ; ils n’allaient nulle part sans se tenir la main. 

Où qu’ils aillent, la petite main brune était glissée dans une petite main blanche mouchetée. 

Leur complicité était inégalée en ce vaste royaume, et leur innocence, plus grande encore. 

Depuis le jour mystérieux de leur naissance, leurs corps se mouvaient harmonieusement entre les racines et les cimes. Cette douce chorégraphie reflétait la noblesse de leurs âmes. Ils ignoraient tout des secrets de la Terre, des cœurs brisés et de la misère. 

À la nuit tombée, l’un d’entre eux s’approcha d’une pivoine somnolente.

« Dites-nous pivoine, Reine auxiliatrice, pouvons-nous dormir entre vos pétales ce soir ? »

La fleur sourit et tout en les accueillant, leur souffla : « N’avez-vous pas l’âge de souper à la table des Hommes ? »

Mais les petits anges s’assoupissaient déjà l’un contre l’autre. Dame pivoine, de sa voix la plus douce et la plus maternelle, entonna alors une berceuse et leur murmura : « Soyez bénis mes enfants. » 

***

Des centaines de pleines lunes s’étaient écoulées au pays où les collines jouent avec le soleil. Assis en silence, deux jeunes hommes contemplent l’étendue verdoyante qui ploie sous leur regard. Perchés au sommet de la plus haute montagne, ils admirent la magnificence de leurs terres. 

« Le vrai royaume est ailleurs. » glissa Juste en souriant. Les deux princes échangèrent un regard entendu. Les ans passés avaient laissé sur eux une trace de sagesse. Leur respectabilité nouvelle transparaissait dans leur physionomie. Leurs nez étaient aussi droits que leurs cœurs, et leurs yeux, tendres comme leurs âmes. 

Soudain, le vent se leva violemment et l’horizon se voila d’un brouillard inexplicable. Bientôt, tout devint sombre et la force des bourrasques eut raison de leurs mains pourtant scindées.

Source de la couverture : Image par Sasin Tipchai de Pixabay

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Maude Gibert

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